Une caricature agaçante

Bon ce n'était pas loin d'être agaçant par moments. À vouloir trop faire dans la "coolitude", Vaughn commence à se perdre. La première scène d'action, portée par un plan-séquence qui semble tout simplement raté, est enseveli par une marre d'effets spéciaux du supermarché, et des mouvements de caméra totalement improbables qui en deviennent rapidement insupportables. Pourtant, l'idée est là. Les scènes d'action perdent du coup de leur côté jouissif pour une avalanche d'artifices forcément moins intéressants. Et finalement, on se demande même si la caméra ne sert pas de cache-misère aux effets spéciaux.

Et à trop vouloir jouer la carte de la parodie, le métrage devient une véritable caricature de lui-même. Le premier se voulait subversif, et si c'était largement discutable, c'en était au moins une tentative bienvenue. Ce deuxième volet suit un plan qui ne surprend jamais, et reste bien au chaud dans sa recette bonheur. Même les musiques reflètent la fainéantise du produit (et on en vient à réentendre des musiques de son X-Men). Il faut dire qu'Henry Jackman n'est pas un compositeur que j'ai vraiment dans mon estime, aux compositions peu inspirées et utilisées à l'excès dans tous les films du réalisateur. À tout cela s'ajoute l'indécision évidente de Vaughn sur la nature de son film, oscillant constamment entre la parodique et le plus sérieux. Finalement, on ne sait plus où se placer en tant que spectateur, tant l'ensemble paraît hétérogène.

Kingsman ne casse jamais les codes. Alors oui, tout est dans l'exagération. Et quand la grande méchante passe au hachoir l'un de ses sbires, avant d'en faire un Big Mac, ça arrache forcément un petit sourire. Heureusement parce que malgré son côté grossier et lourd, le film a réussi à me faire rire. Vaughn rejoue ses meilleures cartes du premier, jusqu'à reprendre la scène du bar pour la troisième fois, en deux films ! Vaugh fait finalement quelque chose de cette (au premier abord) fainéantise, mais on reste toujours dans l'attente de LA scène marquante, comme le réalisateur savait en faire dans ses premiers films d'actions boostés aux amphéts.

Bon public des derniers films de Vaughn, je ne peux cacher ma déception pour un film dont j'attendais de corriger les défauts du premier, plutôt que le contraire. On reste sur notre faim, et si l'on me demande ce que j'ai pensé de Kingsman dans 5 ans, je ne suis pas sûr de pouvoir en dire grand chose. J'espère au moins que Vaughn relèvera le niveau dans son prochain métrage. Malgré sa bonne volonté douteuse, Kingsman 2 ne fait en tout cas pas partie des films que je retiendrai de 2017.