Ah mais que ça fait du bien ! J’avoue que j’avais un peu peur de voir cette suite de « Kingsman » tant je ne voyais pas ce qu’une suite pouvait rajouter à ce que le premier opus avait déjà dit et montré. Et à dire vrai, force est de constater, au regard de ce que nous propose ce « Cercle d’or », qu’effectivement Matthew Vaughn ne comptait pas rajouter grand-chose à son propos social du premier film de la franchise. Non, là clairement, cette suite focalise essentiellement sur la parodie jamesbondienne et l’action à tout va au profit d’un réel propos corrosif. Mais moi, au vu de la qualité du spectacle proposé, je ne peux qu’acquiescer. En termes d’inventivité et de maitrise du genre, c’est juste énorme. La seule scène d’introduction suffit à reprendre les bases de ce qui faisait la force du premier opus et de poser les bases nouvelles sur lesquelles entend reposer cette suite. Alors oui, ça en fait beaucoup, ça se plait à user des clichés d’un James Bond pour mieux jouer en dérision, mais franchement moi je trouve que ça marche. Ça marche déjà parce que le rythme et les codes du film d’action de ce film sont maitrisés comme jamais. Au-delà de la pétarade, « Kingsman 2 » n’oublie pas que l’action se prépare et s’annonce. On nous fait le tour des lieux et on nous familiarise avec les outils à disposition, avec les possibilités offertes par chaque lieu et chaque personnage avant de vraiment lancer la machine. On ne triche pas sur ce plan là, et ça je trouve ça suffisamment rare pour être énoncé. Pour le coup la chose sait se faire de manière limpide sans jamais se trahir sur ses intentions. Du coup, une fois de telles conditions réunies, un maître plasticien ne peut que se régaler pour orchestrer ses ballets délirants et jouissifs. Et quand bien même l’action est pour moi le vrai cœur de ce film, je trouve que malgré tout Matthew Vaughn n’a pas délaissé pour autant l’aspect narratif. Certes, j’annonçais que par cette suite, « Kingsman » n’avait pas grand-chose à dire en termes de lecture sociale, mais malgré tout il n’empêche qu’au travers de sa parodie de James Bond, cette suite parvient malgré tout à reprendre ce créneau du premier opus qui consiste à faire une peinture acerbe et absurde du monde dans lequel on vit. Certes, la portée de la caricature ici faite est moindre, mais elle est malgré tout suffisante pour marcher. D’autant plus suffisante qu’elle est parfois jouissive de régression (notamment au travers de son pastiche « cow-boy » des agents de Statesman) mais aussi savoureuse de clairvoyance (notamment dans sa lecture apportée de l’évolution des rapports entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis). En gros, j’ai l’impression que pour prolonger l’univers « Kingsman », Matthew Vaughn a fait le même choix que son ainé Robert Rodriguez quinze ans plus tôt avec « Desperado » : au lieu de reprendre l’état d’esprit du premier opus et essayer d’en reproduire l’équilibre dans le second, le choix adopté a été celui de la démesure et du trip totalement assumé afin d’apporter une dynamique à cet univers et le compléter. Eh bah moi, à partir du moment où la démesure n’a pas été synonyme de manque de rigueur, je m’y suis retrouvé complètement. A mon sens cette suite parvient à enrichir l’univers « Kingsman » mais sans le travestir. Alors après, certes, ce qu’on gagne en termes d’esprit déluré, on l’a perdu en termes d’esprit corrosif (d’où ma note légèrement inférieure à celle attribuée à « Kingsman 1 »), mais comme la qualité est encore au rendez-vous, je n’ai pas boudé mon plaisir et j’ai clairement pris mon pied jusqu’à la dernière minute de ce petit bijou de James Bond 2.0. Franchement, Matthew Vaughn, encore un grand merci pour savoir nous sortir des petites pépites bien fignolées comme celles-là !