La mode est à l’univers partagé, n’est-ce pas ? Au regard de la mainmise sans pareil du MCU sur le box-office, il n’est pas malvenu de lui attribuer une influence allant grandissante, aura outrepassant alors les frontières du genre super-héroïque seul : à l’instar des Universal Monsters, depuis abandonnés, voici donc qu’émerge à nouveau le plus « grand » crossover qui soit, marque d’un fantasme alimenté par des décennies et des décennies (plus d’un siècle cumulé) de films.


Dans le sillage du mastodonte reptilien japonais récemment remis au goût du jour, l’illustre primate géant d’occident King Kong est ainsi de retour : avant de confronter ces deux emblèmes « monstrueux » du Septième Art, son lifting (ou reboot dans le jargon) revint au discret Jordan Vogt-Roberts, semblant ainsi positionner le projet aux antipodes de l’opus de « cœur » porté par Peter Jackson. Mais si ce Skull Island se place bien en deçà de son plus proche aîné, difficile de parler de pure déconvenue dans celui-ci dispose de solides (et drôles) d’atours.


À l’image du Godzilla de Gareth Edwards, injustement décrié, le présent long-métrage s’avère donc être une « bonne » surprise : certes dans un registre différent, et d’une qualité indubitablement moindre, la médiocrité que nous pouvions lui prêter de prime abord n’étant pas injustifiée, loin s’en faut. Des fulgurances de bon aloi à la poudre aux yeux sauvant les meubles, il n’y a donc qu’un pas, mais force est de constater que le présent bousin assure l’essentiel : c’est divertissant et, surtout, bien chiadé !


Difficile de dire en l’état à qui le mérite en revient, Vogt-Roberts ayant de surcroît tous les attributs du jeune réalisateur de commande voué à ployer sous les impératifs de studios tout-puissants : pourtant, il est indéniable qu’une patte habille ce Kong: Skull Island, drapé en l’état d’une palette des couleurs usant à loisir des contrastes et de la saturation. Aux antipodes d’un King Kong (2005) qui préférait le versant « glamour » du pulp, celui-ci embrasse alors sans aucune retenue son potentiel désinhibé : de la roue libre sporadiquement maîtrisée en somme.


Véritable escapade dans un paradis insulaire halluciné, sa trame déroule une sacrée succession de séquences préformatées dans le texte… mais imprévisibles dans la forme. Certainement grandiloquente par bien des aspects, cette signature a au moins pour mérite de proposer quelque chose, quand bien même le fond devrait être d’une platitude commune (si ce n’est effarante) : de fait, hormis la beauté des paysages (dont la nature « dépareillée » tranche nettement avec la jungle suffocante de Jackson) et le petit effet que procure ses partis-pris bigarrés, ça reste surtout très con.


De la folie téléphonée d’un Samuel L. Jackson cabotinant gaiement, parodie assumée du militaire dont le bellicisme n’a d’égal que son obstination, à la construction « clipesque » de l’intrigue, menée qui plus est par un Conrad proprement inutile (Tom, que fais-tu dans ce bourbier ?), Kong: Skull Island est une vaste blague dont le semblant de sérieux ne manquera pas de vous échapper. Dès lors, que dire de plus ? Voici venir un énième blockbuster s’abandonnant aux sirènes du grand spectacle, certes capable par intermittence de marquer « finement » la rétine.


Nonobstant sa médiocrité intrinsèque, ç’aura été au moins distrayant.

NiERONiMO
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le 30 juil. 2020

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NiERONiMO

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