Exaltant ! Robert Benton nous livre un troisième long-métrage inspirant la réussite et suscitant le respect. Adapté du roman de Avery Corman, le film adopte un ton neutralisant les opinions de chacun. L’auteur, comme le réalisateur, jouent sur son public et sa réceptivité face à la situation inconfortable qu’une famille subit. Il s’agit à la fois d’un thème d’actualité et d’un thème plutôt profond dans le rapport homme/femme. Selon son sexe, la façon d’appréhender ce drame se consume entre la passion et la vertu. L’équilibre est un sommet intouchable, induisant toute vie parsemée d’obstacles à la fois physiques, mentaux et moraux.


Si Ted Kramer (Dustin Hoffman) est l’ambitieux travailleur qui préfère s’investir davantage dans sa carrière que dans la vie familiale, on ne peut ressentir un rejet moral à son égard. Le personnage reste crédible, comme tous ceux qui suivront, bien que certains se laissent uniquement séduire dans des transitions scénaristiques. Mais la personne qui lance cette vague de tristesse n’est autre que son épouse Joanna (Meryl Streep). Elle fuit le malheur qu’elle porte en elle et qui la fait souffrir. Il n’est pas nécessaire de justifier l’importance de cette douleur, mais ce qui intéresse, c’est la raison d’un brusque départ, dont le quotidien de leur enfant Billy (Justin Henry) sera grandement perturbé. Tout le conflit tourne autour des relations qui lient les membres de la famille. Cependant, le récit abandonne la mère afin que l’on s’attarde sur la complicité inattendue entre le père et son fils.


Les deux font face à une réalité sociale, où la figure du père célibataire suggère beaucoup plus qu’il ne le faudrait. Le divorce est un cas ouvert dans une société qui prône pour la liberté. Cependant, la garde d’un enfant est un exemple parmi tant d’autres où la justice ne révèle pas toujours le meilleur de lui-même. Qu’elle soit impartiale ou non, le point de vue de chacun diffère, à commencer par le sexe. Le rapport homme/femme est mis en avant, afin que l’on s’appuie sur un modèle. Il n’est pas nécessaire, voire pas possible de s’identifier derrière une situation qui n’est pas aisément transposable. La rupture confirmée, on découvre alors qu’un père ne peut substituer une mère. L’important réside dans la présence, à la fois physique et spirituelle. Elever un enfant, c’est l’éduquer. Certains y voient l’opportunité de lui apporter le bonheur, mais il ne faut pas oublier que ce dernier est sensible et donc influençable. C’est Margaret Phelps (Jane Alexander), la voisine de palier qui anticipe cette observation en apportant avec justesse les éléments qui vont définir la complicité indestructible entre Billy et son père.


Ce n’est qu’au terme du procès pour la garde de Billy que l’on découvre la position d’une mère, confisquant la responsabilité parentale. Cette monopolisation est une évidence pour la plupart des familles, mais le réalisateur ne souhaite pas généraliser la chose. Il préfère laisse les sentiments exploser aux yeux de spectateurs sceptiques. Ceux qui ne rencontrent guère de difficulté dans l’éducation de leur enfant ont donc réussi le plus important, l’éducation sur soi-même. La raison du départ de la mère se confirme peu à peu, justifiant avec recul la définition du bonheur et de l’orgueil. L’attachement qu’elle porte auprès de son fils est ainsi une excuse afin de mieux comprendre le nuances qu’une mère doit encaisser. Si chercher son identité est le travail de toute une vie, et que certains s’en emparent rapidement, il n’est pas impossible que la crainte vienne nous faire dévier du droit chemin. C’est pourquoi il ne faut pas s’attacher à la figure antiféministe qui en ressort. Cette première impression peut tromper les véritables motivations de l’œuvres, à savoir cette relation entre le sexe opposé, vis-à-vis d’une cohabitation dramatique.


Au final, « Kramer contre Kramer » ne propose pas une évolution émotionnelle. Elle était déjà présente dès les premiers instants où Joanna décida de tout plaquer derrière elle. On comprend alors en quoi le contexte mènera à l’adaptation du père dans un rôle qu’il découvre. Il suffit donc de peu afin de comprendre que le film cherche à défendre une voie féministe, sans polémique, et l’homme qui peut s’affirmer dans les tâches traditionnelles que la femme occupe plus souvent. Le divorce est donc une sorte d’émancipation que la femme revendique et que l’homme prouve, sur un élan d’héroïsme où baigne la culture américaine. De plus, la justesse des discours permet d’évoquer une réalité, parfois enjolivée par des situations spectaculaires. Autrement, elle induit une adversité entre la passion et la vertu, afin de trouver le compromis idéal dans la condition paternelle.

Cinememories
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le 19 sept. 2017

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