Kuzco, l'empereur mégalo
6.8
Kuzco, l'empereur mégalo

Long-métrage d'animation de Mark Dindal (2000)

Empereur inca aussi orgueilleux qu’égoïste, Kuzco décide de renvoyer Yzma, une sorcière qui le conseille et ne rêve que de prendre sa place. Pour se venger, celle-ci décide d’empoisonner Kuzco. Mais suite à une maladresse de son serviteur Kronk, Kuzco est transformé en lama. Perdu dans la jungle, il ne peut que compter sur l’aide de Pacha, un paysan de la région, avec qui les relations sont assez tendues…


Kuzco, l’empereur mégalo, c’est à la fois l’histoire d’un gâchis et d’une réussite. Le gâchis, c’est celui du film de Roger Allers (Le Roi Lion) qui aurait dû voir le jour. Initialement prévu pour être une relecture dans le monde inca du Prince et le pauvre de Mark Twain orchestrée par le réalisateur du Roi Lion, Kuzco aurait dû s’appeler Kingdom of Sun et être un Disney tout ce qu’il y a de plus traditionnel, avec des aventures épiques, un cadre dépaysant, des chansons endiablées (signées par le chanteur Sting, après le passage d'Elton John chez Allers), des émotions variées, etc...
Malheureusement, ce film ne vit jamais le jour. Comme on sait bien que l’argent dirige tout en ce bas monde, on ne s’étonnera pas de savoir que c’est encore lui le responsable d’un tel gâchis. Suite à une production plus longue que prévue, les producteurs Randy Fullmer et Michael Eisner refusèrent à Roger Allers d’allonger le délai pour lui laisser le temps d’achever son film, ce qui poussa doucement Allers vers la sortie pour le remplacer par le coréalisateur qui lui avait été adjoint, Mark Dindal, sans doute plus docile et moins regardant sur la qualité du produit fini. C’est ainsi qu’en lieu et place de Kingdom of Sun, l’on se retrouva avec The Emperor’s New Groove.


Pour autant, tout gâchis qu’il soit, Kuzco, l’empereur mégalo n’est en rien un ratage, car s’il ne se hisse jamais au niveau du chef-d’œuvre qu’il aurait pu être, il n’en réussit pas moins à faire souvent bonne figure.
Au moment de la chanson introductive, on n’a guère de quoi être rassuré : un humour plat camouflé par un rythme hystérique au son d’une chanson franchement insipide, pas vraiment rehaussé par des graphismes passables et des décors inexistants, fait craindre le pire quant à la qualité du film qui s’annonce.
Pourtant, Kuzco parvient vite à se dégager de cette première image peu flatteuse : si les graphismes anguleux pourront légitimement en déranger plus d’un, on s’y habitue vite, malgré l’indigence des décors qui, elle, subsistera malheureusement durant tout le film. En revanche, les chansons ne reparaîtront plus pendant le film, ce qui relève davantage de la bonne nouvelle, même si l’on nous prive ainsi de l’excellente chanson d’Yzma (https://www.youtube.com/watch?v=N1pYGvplG5Q) abandonnée au moment du changement de réalisateur, car c’est le compositeur John Debney qui prend le relais pour nous offrir une musique électrisante qui compte à la fois parmi ses meilleures et parmi les meilleures que l’on ait entendu dans un Classique Disney.
Passée, donc, cette séquence introductive poussive, le rythme définitif s’instaure, et réussit à trouver un équilibre plaisant. De fait, l’humour trouve son rythme de croisière, en tirant Kuzco vers les cartoons de la grande époque, à la Tex Avery ou Chuck Jones, sans jamais étouffer un scénario original et sympathique en diable.
On aurait apprécié, toutefois, que le scénario fasse quelques pauses dans son humour ultra-déjanté pour construire davantage ses personnages et – qui sait ? – introduire un peu d’émotion dans un récit qui en manque singulièrement (en tous cas, pour un Disney). Mais ce serait vraiment de la mauvaise volonté de faire la fine bouche face à un film qui, malgré une trop grande indigence visuelle et émotionnelle, n’en est pas moins très généreux sur le plan du rire, et communique une irrésistible bonne humeur à chacun de ses visionnages…

Tonto
7
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le 7 août 2018

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Tonto

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