Muriel, propriétaire d’un centre équestre, accueille pour quelques jours Alex, son petit-fils, avant qu’il ne s’envole pour le Canada. Lorsqu’elle le découvre prier Allah en cachette, elle ne peut que s’interroger sur ses véritables intentions.
« Ne regarde pas l’éclipse, ça brûle les yeux ». Une mise en garde destinée à Muriel, alors que la lune devance le soleil. Mais face à son garçon qui désire entrer dans la lumière et dire adieu à la nuit, la grand-mère ne peut se résoudre à détourner le regard. Il n’y a pas à réfléchir, il faut agir. Quitte à prendre le risque de s’éteindre.
Bien ancré dans son époque, André Téchiné affronte à 76 ans un sujet d’actualité périlleux : la radicalisation islamiste. Son approche, sensible et délicate, montre deux mondes antagonistes qui se côtoient, séparés par une clôture électrifiée. Dans un montage parallèle, il filme d’un côté une fillette trop maquillée qui se déhanche en débardeur devant sa famille avinée et guillerette. De l’autre, les futurs combattants en blanc ou voilés écoutent religieusement l’Imam leur parler de l’au-delà promis. Un contraste clair-obscur irréconciliable ? Difficile de comprendre cette jeunesse en manque de repères et pétrie de contradictions, prête à mourir avec fierté et tuer dans l’espoir d’une autre vie. Téchiné n’explique rien. Il montre sans juger ni condamner. Et se tourne vers une nature généreuse – cerisiers en fleurs, fruits juteux, chevaux galopant et sanglier sauvage – pour rasséréner les âmes et réconforter les cœurs.
7/10
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