Le soir de Noël, Gillian Holroyd (Kim Novak) s'ennuie. Il faut dire que Gillian est une sorcière, et est donc incapable de ressentir le moindre sentiment d'amour ou de tristesse, ce qui est assez handicapant quand on aspire à une vie normale. Aussi, quand elle fait la rencontre de son nouveau voisin (James Stewart), elle en oublie rapidement qu'il a 25 ans de plus qu'elle pour émettre le vœu de le séduire. Mais celui-ci regarde ailleurs et doit se marier le lendemain. Gillian décide alors d'avoir recours à la magie pour arriver à ses fins. Mais jusqu'où peut-elle aller sans dommage ?


Il y a des réalisateurs, comme ça, on a l'impression qu'ils sont nés pour réaliser des films mineurs toute leur carrière durant. Bon, je n'ai vu que trois Richard Quine jusqu'à maintenant, mais les trois fois, ça m'a fait le même effet : un excellent casting, le charme sans faille des 50's, mais aussi une lenteur excessive et un scénario qui renie toutes ses belles promesses au gré de péripéties d'une platitude assez exemplaire.
Ici, la platitude est bien de la partie dans le scénario, mais elle se retrouve en prime dans une mise en scène si terne et étriquée qu'on dirait le film destiné à la télévision, impression renforcée par l'usage de trois décors en tout et pour tout.


Heureusement, au-delà de ça, le charme du casting et de l'époque opèrent tout-à-fait correctement, et heureusement, parce que si on devait compter sur Richard Quine pour pimenter son récit... Le couple James Stewart/Kim Novak est plutôt bon, même si on est heureux que Kim Novak ait un aussi joli minois pour compenser un personnage d'une vacuité toute conchylienne, mais il ne serait rien s'il n'était renforcé par les géniaux Elsa Lanchester et Jack Lemmon, qui n'ont rien à faire, mais qui, comme à leur habitude, le font vraiment très bien.
Alors, ici et là, quelques fulgurances : une chanson de Philippe Clay (en français, s'il vous plaît) au milieu d'un club de sorcières (la seule différence avec un club normal, c'est qu'on nous a dit auparavant que c'était des sorcières), ou une annonce de rupture quelque peu expédiée par l'immense James Stewart relèvent la sauce d'un film un peu trop fade par ailleurs.
D'ailleurs, c'est en voyant ce film que je me suis rendu compte que, finalement, je n'avais presque jamais vu James Stewart dans un vrai rôle comique (dans les Capra, le film est humoristique, mais son rôle en lui-même, pas tellement). C'est d'ailleurs à peu près le seul élément comique de cette comédie romantique, où la comédie s'est évaporée au profit d'un résidu de romance pas original pour deux sous. Comme un bon petit soldat, le film va toujours exactement là où on l'attend. Mais ce qui est une qualité pour un soldat ne l'est pas forcément pour un scénario de film...


Bref, Richard Quine signe ici un film pas déplaisant pour deux sous, mais terriblement anecdotique. Il se laisse toutefois bien regarder et constitue même une respiration louable entre deux divertissements décérébrés actuels ou deux comédies mielleuses de Noël comme on sait trop bien les faire aujourd'hui. Ici, au moins, pas de nœuds au cerveau à se faire et pas d'excès dans les bons sentiments. Dans l'humour non plus, malheureusement.
Si, éventuellement, un petit nœud au cerveau quand on se souvient que Quine a été le maître de l'immense Blake Edwards, et qu'on se demande bien ce qu'il a pu lui apprendre, tant l'élève s'est révélé dès son troisième film mille fois plus doué que le maître.

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le 16 déc. 2020

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Tonto

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