Je vous salue Nishi, pleine de grâce...

L’infirmière Sakura Nishi est envoyée au front, pour soigner les blessés nippons, pendant la guerre sino-japonaise. Elle se donnera corps et âme à sa tâche, offrant un réconfort charnel malgré elle à un soldat, puis volontairement à un autre, amputés des deux bras (pas pratique, comme il le remarquera bientôt…), s’offrant enfin au docteur Okabe dont elle tombe amoureuse. Il n’y a pas vraiment de place pour la psychologie, les motivations de l’infirmière restent obscures et peu importantes, de même le film ne cherche pas le réalisme, cette histoire est plutôt un pretexte pour Masumura d’allier à nouveau sexe et mort, passion charnelle et destruction, en un engrenage fatal. Contrairement à Tatouage sorti la même année, la femme de l’ange rouge n’est pas une mante religieuse qui pousse les hommes vers leur fin, bien qu’elle s’en fasse le reproche, elle a au contraire quelque chose de christique, mais reste une femme animée par le désir d’être aimée et à un rôle centrale dans la destinée de ces trois hommes. En somme, l'infirmière Nishi réunit la sainte et la putain. Le contraste entre les scènes de boucherie et cette femme toute de pureté (l’uniforme, la croix, le visage) et de sensualité (le corps sous l’uniforme) est saisissant. Au milieu des décombres et des corps mutilés, Ayako Wakao rayonne littéralement, le noir et blanc semblant là pour mettre en valeur son uniforme (elle est si parfaitement éclairée que la lumière semble émaner d’elle). Masumura compose ses cadres avec un soin d'esthète, chaque photogramme est une merveille. C’est ce qui en fait un film troublant, on y voit des bassines de membres arrachés et d’autres joyeusetés du même genre, et c'est insolemment beau. (vu en 2020)

T3mptr3ss
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le 11 nov. 2020

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