Le reflet d’une volonté de garder le mystère de la foi

A 26 ans, Xavier Giannoli avait déjà reçu une Palme d'Or et un César du meilleur film. Pour un court-métrage, s'entend, son dernier en date avant de plonger dans l'aventure du long avec Les corps impatients. L'apparition est son 7ème film et ce n'est pas celui-ci où il décevra les attentes (d'accord, Superstar n'était pas fameux mais c'est l'exception qui confirme la règle). Il s'attaque au "grand mystère", celui de l'existence de Dieu à travers ses manifestations par l'entremise de la Vierge Marie auprès des humains. Vaste sujet, traité avec une saine ambition, porté notamment par les envolées musicales d'Arvo Pärt, mais aussi avec modestie, dans le respect de la foi, tout en fustigeant le marketing opportuniste autour des apparitions. L'imposture et le mensonge sont des constantes des derniers films de Giannoli mais il faut y ajouter un sens du romanesque qui n'a guère d'équivalent dans le cinéma français d'aujourd'hui, si ce n'est chez Audiard. Pas de certitude assénée dans L'apparition mais un dialogue constant entre le visible et l'invisible, symbolisés par deux personnages, celui du journaliste chargé de mener l'enquête canonique (Lindon, remarquable) et celui de la "voyante", une Bernadette Soubirous du XXIe siècle (Galatea Bellugi, sidérante). Les scènes entre eux, a priori les pires ennemis du monde, sont tendres, tactiles et magiques. Avec une poignée de rôles secondaires très présents et un travail documentaire énorme pour nourrir le scénario, le film impose comme un trouble évident où le fait de ne pas avoir de certitude est en soi la meilleure des leçons de vie. Et non, le film, avec ses allures de thriller, n'est pas trop long, il prend son temps, ce qui est différent. On peut éventuellement tiquer sur son démarrage (Lindon accepte trop facilement sa mission) et sur le dénouement (une sorte de twist pas vraiment nécessaire) mais ce ne sont là que péchés véniels.

TimHagine
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le 27 mars 2019

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Tim Hagine

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