Copland

Il avait beau y avoir Clint Eastwood aux manettes, j'avais tout fait jusque-là pour éviter L'Echange...

L'effet Angelina Jolie probablement, l'époque de l'histoire aussi peut-être, si bien que ces 2h20 me paraissaient difficiles à envisager... Mais quelques critiques ici-même m'ont décidé à me lancer. Et pas de déception au final. Déjà, je raye l'apriori angelinajolien qui était le mien tant Madame Pitt s'en sort très bien et non sans une certaine classe, malgré son visage qui ne fait pas trop "d'époque"... Etonnante prestation et choix sacrément osé du Clint, qui a eu un sacré pif.

Le scénario, tiré d'une histoire vraie, se passe donc en Californie à la fin des années 20 où une superbe standardiste, la trentaine, lâchée par son mari à la naissance de son petit bagarreur de fils, s'inquiètera d'abord de la disparition de ce dernier, mais surtout du fait qu'on lui présentera comme retrouvé un enfant qui lui ressemble mais qu'elle sera persuadée ne pas être le sien...

La grande force du film, et qui nous tiendra en haleine pendant pas mal de temps, c'est justement cette interrogation très bien entretenue. On n'imagine vraiment pas ce qui a pu se passer, et les premiers éléments de réponse, lorsqu'ils nous tombent dessus, et d'une manière tellement cinglante et surprenante, nous laissent hébétés... Surtout lorsque l'on sait que cette histoire est, je le répète, tirée de la réalité.

A contrario, le majorité des personnages, ou du moins leurs agissements, me semblent caricaturaux : le policier arrogant au sourire ultrabight, le psy sadique et manipulateur, la presse charognarde, tandis que le révérend et l'enquêteur ont les beaux rôles. Hum... Ca laisse peu de place à la subtilité. Et ce d'autant plus que le premier "fautif" dans cette affaire a tout de ce qu'on attend de ce genre de personnages... Clint Eastwood ne fait pas vraiment dans la dentelle dès qu'il s'agit de réquisitoire.

Sur la forme en revanche, c'est une réussite, la retranscription de l'époque fait plaisir à voir : les décors, les voitures, les costumes, c'est la grande classe. On ne s'ennuie donc pas, et ce grâce à un scénario très bien mené, un scénario étonnamment coup de poing par rapport à ce que j'attendais. Et si le dénouement pousse seule, et avec talent, l'héroïne dans "la prison de ne pas savoir", sa dernière réplique sur l'espoir m'a carrément ulcéré tellement je l'ai vue arriver à des kilomètres. Dommage de finir là-dessus.

Le truc marrant à la fin, c'est d'apprendre que la ville a changé de nom après cette affaire.

6,5/10