Salpêtrière !

L'écume des jours de Michel Gondry, c'est un monde qui vous détourne doucement de Waterworld (que je dois voir depuis deux jours pour vous faire une critique aux petits oignons). Un monde où votre sonnette vous suit partout dans votre maison pour vous avertir de l'arrivée d'un visiteur, où les anguilles amatrices d'ananas vivent dans les canalisations d'eau, où vous avez un cuistot dans les murs de votre cuisine qui vous donne des conseils et des épices à travers un écran de télévision ou une porte de frigidaire, où vous devez faire une course de voiture à pédales pour pouvoir vous marier, où votre agenda est noté sur un rubik's cube et où la patinoire Molitor est tenue par des pigeons.

Vous n'avez rien compris, c'est normal. En tout cas, je l'espère parce que je n'ai rien piger non plus. N'ayant pas lu le livre, j'ai été surprise par les toutes premières secondes bien farfelues de ce film. Intriguée, je me suis posée dans mon fauteuil les mirettes grandes ouvertes pour ne rien louper de cette vie d'une singularité incroyable, où on débarrasse la table en flanquant toute la vaisselle par terre. Emerveillée d'abord, l'ennui a commencé à s'installer dès lors que les tourtereaux se marient. A partir de là, le rythme ralentit, les rebondissements sont moindres et l'étonnement est parti se coucher, laissant la place à une certaine lassitude. Lassitude qui est d'autant plus marquée qu'il m'a été impossible de suivre les dialogues plus de quelques secondes.

En effet, à part sur quelques lignes dispersées au cours du film, les conversations entre les différents protagonistes sont aussi biscornues que le monde qui les entoure (avec des expressions détournées, des mots inconnus, etc.). Ceci-dit, ça n'empêche pas de comprendre le pitch puisque l'histoire est relativement simpliste. Il est tout bonnement question d'amour. On suit trois couples que tout oppose et qui pourtant se côtoient durant l'ensemble du film. Rien de bien méchant en somme. Finalement, ce qui fait l'originalité de cette œuvre (et du livre dont elle est issue), c'est plutôt l'univers créé par Boris Vian qui nous fait songer que le monsieur avait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'imagination... et une moquette de première qualité.

Mais voilà, à trop vouloir nous emporter loin de notre monde connu, on finit par décrocher pour se préparer à piquer un roupillon (en tout cas, je n'aurais pas dit non). Peut-être que livre est plus intéressant, avec un meilleur équilibre dans le rythme de l'aventure ; mais pour le film, c'est un avis mitigé qui en ressort.