De par son aspect documentaire pris sur le vif assez austère et de sa qualité d’image sans prétentions, l’Esquive arrive à véhiculer son message social avec brio.
Le parallèle entre Marivaux et la vie de Krimo, explicité sans retenu, est limpide mais efficace. Nul ne s’extirpe si facilement de sa condition sociale, et le jeune de cité sera empreint de son identité à jamais, tout comme le bourgeois ; il peut continuer à se leurrer, mais ne peut y échapper.
Le jeu de ces jeunes comédiens est convaincant de réalisme. Montrant des jeunes du 93 dans les années 2000, j’y étais, tout comme durant mes années collège pendant ces mêmes années, en cette même Seine-Saint-Denis. Tout pareil ! Ces gens, je les connais mais j’ai appris à entrer dans leur tête et à sentir leur cœur durant ce visionnage.
Bien que le film ne brille pas par sa photographie ou la composition de son image, le jeu des comédiens et le scénario sont si criants de vérité qu’on oublie, un instant, que l’on regarde un film : on espionne ces jeunes et l’on pense brièvement à la possibilité de leur amour, de leur bonheur. En vain, évidemment, car nul ne s’extirpe si facilement, on l’a dit et vu, de sa condition sociale.
Fort !