Pauvre professeur
Après voila un an, un professeur d'histoire Samuel Paty, décapité pour son cours sur la liberté d'expression et les caricatures qui a été blamé par sa hiérarchie, voici l'histoire d'un professeur...
Par
le 16 oct. 2021
10 j'aime
1
L’homme de la cave est une belle confrontation entre deux excellents acteurs et métaphore maligne du processus permettant la diffusion d’idées extrêmes au sein d’une société.
Lorsque Simon (Jérémie Rénier) revend sa cave à un professeur de lycée (François Cluzet), il ne se doute pas que cette transaction anodine va les emporter, lui et sa famille, dans une spirale infernale. Plutôt habitué au registre de la comédie, le metteur en scène Philippe Le Guay change radicalement de genre avec cet ambitieux thriller dramatique. Derrière la confrontation entre la famille de bobos parisiens typiques et cet enseignant d’histoire déchu, L’homme de la cave s’attaque à un problème sociétal et pas des moindres : l’antisémitisme nappé de négationnisme et de complotisme. Un sujet dans l’air du temps qui n’en demeure pas moins délicat à traiter. Dans l’ensemble, le film parvient à relever le défi.
Le premier atout du film, c’est la confrontation entre ses deux personnages principaux, particulièrement bien écrits et interprétés avec justesse par François Cluzet (dans un rôle pourtant difficile) et Jérémie Rénier. D’un côté, on a un personnage de classe sociale moyenne supérieure, lucide et sincèrement bien intentionné. Mais l’enfer étant pavé de bonnes intentions, sa chute dans la crise est à la fois tragique et inéluctable. De l'autre, face à lui, un négationniste exécrable et misérable qui va pourtant réussir à pourrir les fondements idéologiques de l’entourage de Simon… depuis sa cave. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des personnages secondaires, notamment ceux de la famille de Simon. Caricaturaux, erratiques ou automatiques, on a l’impression qu’ils ne sont que des ressorts un peu poussifs servant à précipiter la chute de Simon.
L’autre force du film, c’est la puissante métaphore qu’offre la vision de cet abject personnage qui parvient depuis sa cave à pourrir la vie apparemment si sereine de cette copropriété parisienne. On peut y voir une transposition efficace des mécanismes par lesquels ces personnages extrêmes parviennent à gangréner la société avec leurs idées.
Le film se termine sur une note ambigüe, qui pourrait être embarrassante selon la lecture qu’on lui donne. Heureusement, cet épilogue est suffisamment abrupt pour que les intentions du réalisateur n'y soient pas exposées dans les détails et qu’elles ne restent qu’à l’état de points de suspension à l’intention de l’interprétation du spectateur.
Créée
le 1 oct. 2021
Critique lue 2.4K fois
2 j'aime
D'autres avis sur L'Homme de la cave
Après voila un an, un professeur d'histoire Samuel Paty, décapité pour son cours sur la liberté d'expression et les caricatures qui a été blamé par sa hiérarchie, voici l'histoire d'un professeur...
Par
le 16 oct. 2021
10 j'aime
1
Je voulais voir cet Homme dans la cave pour me moquer de son délire et de sa mauvaise foi, j'en suis sorti triste – à la fois blasé d'une telle sur-confirmation miteuse et satisfait de trouver une...
Par
le 23 nov. 2021
10 j'aime
Assez vite, le réel sujet du film est mis sur la table, qui aurait pû être intéressant...mais non. Aucune subtilité dans ce film, mais plutôt une mise en application magistrale de l'expression "gros...
Par
le 17 oct. 2021
8 j'aime
Du même critique
Malgré un postulat malin et bien-vu, cette farce s’avère être finalement assommante et répétitive. Un casting prestigieux et beaucoup d’agitation pour pas grand-chose. Cela fait une vingtaine...
Par
le 10 déc. 2021
73 j'aime
3
Quand le roi du film thriller fun et malin nous propose une relecture de Mission : Impossible, on se dit « pourquoi pas ? ». Après le visionnage on se demande « pourquoi ? »Opération Fortune : Ruse...
Par
le 9 déc. 2022
12 j'aime
Avec cette étrange histoire vraie d’un homme qui affronte ses traumas dans un monde imaginaire composé de figurines playmobiles, on espérait un retour en grâce de Robert Zemeckis. Après avoir réalisé...
Par
le 4 janv. 2019
12 j'aime
2