L'Homme des hautes plaines par Kroakkroqgar
Les westerns n’ont jamais donné une image bien reluisantes de l’Ouest américain, mais Clint Eastwood s’enfonce encore dans la noirceur des hommes avec ce ‘High Plains Drifter’.
Très vite, la dimension religieuse de l’œuvre est évidente. En une courte introduction, il présente son personnage principal, ordure opportuniste, et les habitants de Lago, vils et craintifs. Il n’y a qu’un pas à faire pour y voir un village au lourd passé, qui fera la pénitence de ses pêchés avec l’arrivée d’un démon vengeur. Clint Eastwood offre là un scénario passionnant, et multiplie les symboles : la fascination qu’exerce l’homme sans nom sur les habitants (et le spectateur), les tensions qui éclatent dans l’église, et le final apocalyptique.
Mais c’est avant tout par sa réalisation que Cclint Eastwood surprend le plus. On retrouve certes une mise en scène tout à fait classique, mais certains passages sont particulièrement pertinents. Le flashback de la mort du marshal Duncan est teinté d’une noirceur sépulcrale, le départ de l’homme sans nom à l’arrivée des trois truands résonne d’un désespoir si retentissant que le film aurait pu s’achever sur cette image, le village rebaptisé « Hell » ne porte jamais mieux son nom que lorsqu’il est en flamme. Enfin, un subtil fondu en conclusion soulève le doute entre les deux explications de la venue de l’étranger. Pour accompagner cette incursion du surnaturelle dans le genre, la bande-originale s’écarte des codes du genre, et installe avec brio une atmosphère inquiétante tout au long du récit.
Un western génial, teinté d’une noirceur surnaturelle.