Deuxième long métrage et premier western réalisé par Clint Eastwood L'homme des hautes plaines est une oeuvre habitée, quasiment surréelle, aux résonances fantastiques. Privilégiant les décors et l'atmosphère Eastwood transforme ce qui aurait pu n'être qu'une histoire ordinaire de règlements de compte en une vision hallucinée du mythe du héros solitaire. Reprenant énormément de l'héritage de son mentor Sergio Leone Clint Eastwood se met lui-même en scène dans le rôle du justicier sans nom, au passé indéterminé, au verbe laconique et aux agissements radicaux... s'affirmant définitivement comme une icône du genre !
Le film commence là où il s'arrêtera : aux frontières d'une ville aux allures fantomatiques dans laquelle l'étranger des hautes plaines séjournera le temps du métrage. Sans démarrer sur les chapeaux de roue ce western témoigne pourtant d'une remarquable tension dramatique, principalement en raison d'un usage parcimonieux accordé à la musique et d'une place laissée au silence considérable. Propre et douée de relief la réalisation de Clint Eastwood n'a rien à envier aux plus grands westerns américains de l'époque hollywoodienne classique : l'usage pertinent du format Scope met admirablement en valeur le panorama du sud-ouest américain, et certaines séquences ne sont pas sans rappeler l'étirement dramatique des westerns spaghetti de Leone ( découpage formel nerveux et decrescendo précédant la décharge de violence imprévisible ). Sans révolutionner le genre L'homme des hautes plaines reste un western d'excellente facture, devenu culte au fil du temps et forcément emblématique pour son célèbre acteur-réalisateur. Préférable au décevant Pale Rider.