Western social et moderne, il traite de manière réaliste le changement de statut d'une petite ville de l'ouest américain avec les arrivées conjointes d'un homme de loi éduqué et du chemin de fer.


Plusieurs thèmes sont abordés et chaque scène est une étude de mœurs à elle seule. La technique est au service du fond et rien n'est fait simplement parce que cela plait ou possède un effet visuel ou même de mode. Non, dans ce film chaque plan signifie et fait sens. Certains donnent des évidences, d'autres laissent des doutes



M. le Professeur



L'homme de loi joué par James Stewart, parfait dans son rôle, devient l'espace d'un temps le professeur d'une ville comptant nombre d'analphabètes. Il est le symbole du progrès et à la fois de la justice par les textes. A travers lui on nous montre l'importance de l'éducation face l'agression. En effet ceux qui tiennent tête au voyou de l'histoire sont les plus éduqués … ou les plus durs. Toute la question posée par le titre du film lui-même est de savoir s'il pourra tenir son cap, c'est à dire ne pas prendre d'arme pour se défendre face au bandit brutal local : Liberty Valance



Le Bandit Liberté



Celui-ci est joué par le très bon Lee Marvin. Etrangement il s'appelle liberté alors qu'il tue, pille et vole. Que doit-on tirer comme conclusion ? La liberté a un prix et il est le prix à payer, voire à sacrifier ? Ou est-il libre, lui qui est affranchi des règles, et les autres doivent s'organiser dans un cadre pour ne pas se marcher les uns sur les autres comme lui le fait avec le reste de la communauté ? Il est néanmoins comme un animal qui n'a peur que des autres animaux.
En tous les cas il est au service des fermiers du nord qui veulent que l'état reste ouvert à leurs investissements alors que notre juriste préféré incarné par James Stewart souhaite du protectionnisme. Nous sommes, déjà, dans ce film, au point de se poser ce genre de questions. Qu'en tant qu'européen nous nous posons en ce moment. Certains personnages donnent d'ailleurs leur réponse.



La Belle et la Bête



Parmi eux il y a les deux derniers personnages principaux : Hallie (Vera Miles) et Tom Doniphon incarné par l'inénarrable John Wayne. La première croit à son son travail et est prête à s'éduquer. elle est forte tête mais tendre dans son cœur. Au fond elle ressemble trop à Tom Doniphon, qui est le dur du coin et épris d'elle. Mais le dur gentil, celui qui défend les autres. Lui sa solution aux problèmes s'appelle revolver. Il se heurte donc à Ransom Stoddard (James Stewart) et pourtant devient son ami. Il se heure bien évidemment de manière plus frontale avec Liberty Valance.
C'est cette histoire d'amitié masculine improbable qui rend également le film fascinant et qui permet des scènes de tenions et d'humour.



Un film plein



Ils sont rares mais ils existent. Les films qui à chaque plan, avec la très belle photo de William H. Clothier, chaque dialogue, chaque scène sont chargés de symbolique, de sens, de questionnement à l'adresse du spectateur. Il y aurait beaucoup à dire sur sa porté politique également. Notamment la scène qui se passe en classe ou c'est le seul africain-américain qui récite la Déclaration d'Indépendance. Comme pour la renforcer en la faisant relire. Ou le rôle de la presse, sa liberté et sa proximité avec les milieux politiques.
Sur le plan social avec le personnage de Hallie aussi, la dame attachée à sa terre.
Et enfin sur le plan des métaphores, avec ce cactus en fleurs posé sur le cercueil du défunt. Tant de thèmes sont traités dans ce film qu'il est difficile d'écrire sur tous ici.


Il est à noter que le travail sur la lumière est superbe et renforce chaque émotion que telle ou telle scène souhaite donner.
On pourrait encore beaucoup dire sur cette magnifique réalisation de John Ford. Toutefois il vaut mieux que vous découvriez tout cela par vous même, si ce n'est déjà fait.

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le 7 août 2015

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Fiuza

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