Je crois bien que j'ai un problème avec John Wayne...


Oh ! Rien de nouveau sous le soleil. J'en voyais déjà de ses westerns quand j'étais mioche. Et déjà à l'époque : rien. Enfin non, je crois que c'est pire : ce mec avait beau jouer les gentils cowboys, ben je ne l'aimais pas quand même. Je sais pas, ça doit être physique. Sa gueule ne doit pas me revenir. A moins qu'il ne s'agisse de ce qu'il représente... Mais pour en revenir à L'Homme qui tua Liberty Valance, j'ai encore eu beaucoup de mal à m'y faire, même si je l'ai trouvé quand même moins transparent que dans La Chevauchée Fantastique - vu récemment.


Il faut dire qu'ici son rôle semble un peu plus complexe, et que certaines failles lui permettent d'au moins convaincre au cours d'une scène singulièrement arrosée... Mais pour le reste, sa dégaine si caractéristique me fatigue, voire m'insupporte sévèrement. Ca joue les gros bras impassibles, les rebelles désabusés, mais je lui trouve tellement peu de charisme... On dirait presque le boucher d'en face ! Bon allez, je me calme, et vais me recentrer sur ce western adulé du non moins adulé John Ford.


Et pour ma part, il commence assez mal ce western. Nous y découvrons un James Stewart vieilli - qui lui sait varier son jeu, capable d'autodérision comme d'actions coup de poing - campant d'abord un sénateur rendu aux funérailles de l'homme qui lui apprit jadis à manier le colt et la loi du talion. Introduction funéraire assez ennuyeuse où celle qui fit balancer leur coeur à tous les deux se trouve également, ainsi que le serviable homme de couleur noire dont le réalisateur se sert intelligemment à des fins - me semble-t-il - anti-racistes. Un bon point vu l'époque.


Le sénateur racontera ensuite leur histoire commune, alors qu'il n'était alors qu'un simple avocat...


Mais le film commence surtout moyennement parce que l'on peut y déceler pas mal de faux-raccords (ce qui sera moins le cas par la suite), parce que Liberty Valance ne fait pas un bon méchant, parce que dans cette bourgade on se remet bien vite de ses coups de fouets, parce que le calembour de la tarte aux pommes fait vraiment de la peine, mais surtout parce que le shérif de la ville s'avère terriblement caricatural dans le genre pleutre, permettant à John Ford d'avancer un peu trop facilement ses pions du talion. Un mauvais démarrage que la taille des steaks XXL et une première explication à trois rattraperont fort heureusement.


Un petit cours d'Amérique plus tard, viendra la sempiternelle séance d'apprentissage de tir au pistolet. Sauf que pour le coup, sa conclusion reste assez savoureuse, et tellement virile... Un peu plus en tout cas que les techniques de séduction inexistantes de notre mâle dominant...
Sans transition, le journaliste Peabot, légèrement porté sur la bouteille, divertira et avec bonheur ("La bière, c'est pas d'l'alcool !") une première élection par ailleurs ennuyeuse et cousue de fil blanc. Jusqu'à ce que se dessine l'affrontement "final" : de haute volée. "Du whisky ! Vite ! C'est gagné." Décidément, l'alcool fera le sel humoristique de ce western imbibé d'anti-bibinisme primaire.


Et pour conclure, malgré son twist final assez attendu et pas 100% crédible


(je ne suis pas spécialiste mais les balles de colts ça doit pas avoir les mêmes conséquences que celles des fusils, non ?),


le film tirera ses plus belles cartouches, d'abord enflammées, puis politiques (le candidat fortuné qui n'a rien à dire, la feuille blanche de son porte-parole), mais surtout celle d'un dénouement sur l'écriture de la Légende - embarrassante pour le héros - extrêmement convaincante. Celle de la légende du Far-West... Celle de John Ford ?


La grande majorité senscritiquienne semble donc adorer ce western, mais malgré ses quelques rares bonnes situations et réflexions, comme le mythe qu'il véhicule (sans le juger), L'Homme qui tua Liberty Valance - et notamment John Wayne pour les amnésiques^^ - ne m'a pas emballé plus que ça. Surtout lorsque l'on sait qu'à peine quelques années plus tard Sergio Leone viendra nous dépoussiérer tout ça, avec la virtuosité que l'on sait...


6,5/10

RimbaudWarrior
7
Écrit par

Créée

le 16 juin 2016

Critique lue 380 fois

5 j'aime

RimbaudWarrior

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