Homophobe ? non, artificiel, maladroit et opportuniste
D'abord l'inconnu du lac c'était une intrigue pour moi : "il dépeint les gays comme des salauds et des obsédés, c'est un film d'homophobes !" m'avait-on dit, un refrain classique que je retrouve assez régulièrement et pour lequel j'éprouve de l'ennui selon le fameux triangle des insultes homophobe/raciste/antisémite parfois lancé un peu trop vite à ma sauce. Au lieu de ça je propose de démêler un peu le sac de nœud d'aller un peu déchiffrer un peu tout le fouillis cinématographique du film.
Prenons le cadre : des vacances, une plage, et des mecs à poil. Prenons également un homosexuel convaincu et un bisexuel un brin déprimé et assumant moyennement sa sexualité. Maintenant jetons tout ça dans un coin et ignorons-le pour l'instant, la question est que reste-t-il ???
Il reste alors une enquête menée par un inspecteur sur le meurtre d'un homme sur une plage, et un habitué témoin de la scène qui va ouvertement tomber amoureux du meurtrier en sachant l'acte de ce dernier. Cohérence là-dedans ? même Columbo savait faire mieux. Le schéma de l'enquête est d'ailleurs très maladroit, on y voit l'inspecteur apparaitre de nulle part et tomber sur le protagoniste celui-ci fut-il paumé dans les bois environnants "j'aurais encore une p'tite question", sa dernière apparition est d'ailleurs à l'image du reste du pan "policier" du film : anecdotique et ne servant de levier que pour justifier la progression d'une histoire bancale, il y sert de canne, voire de paire de béquilles à un scénario mal fait.
Maintenant reprenons ce que nous avions mis de côté : une plage, un quarantenaire, un bisexuel en jachère, et le sadomasochiste des YMCA. Il semblerait que le but premier était de proposer une histoire d'amour entre deux hommes, classique, de montrer un triangle amoureux, encore classique, et de montrer au passage une image peu reluisante d'une communauté pour pimenter le tout : une plage transformée en baisodrome à ciel ouvert où chacun peut venir proposer un coup de rein à son voisin. Curieusement c'est cette partie-là qui faisait apparemment hurler à l'homophobie pourtant les plages échangistes hétérosexuelles ça existe, était-ce néanmoins utile de prendre un tel cadre ? j'en doute. Entre scènes de coups de reins, zigounette à l'air pendant 1h30 et scène d'éjaculation, sans doutes Alain Giraurdie avait-il peur que le public s'endorme sans ça. A voir la dose qui a été mise ainsi que le côté assez extrême de certaines scènes on croirait que ce réalisateur nous hurle tout du long "ILS SONT GAYS TU VOIS HEIN !! HEIN !! TU VOIS ?!! ILS SE METTENT DES B**** !! ILS SONT GAYS".
C'est lourd, trop lourd.
Enfin il y a le tout : le mélange des deux parties. Je ne pourrai pas entrer trop dans les détails sans trop en raconter encore plus sur l'histoire, mais les deux parties se recoupent avec une étrange impression de bricolé : ce n'est ni naturel ni fluide, mais amené avec de gros sabots bien maladroits.
En gros que retenir de tout ça ?
- est-ce que le scénario est bien ? pas franchement, il est bricolé et fonctionne à coups de pied dans le train sans aucune fluidité. On a plus l'impression d'assister à deux films mélangés dont l'un sert de mauvais prétexte à l'autre.
- est-ce que le film est homophobe ? il y a plus à parler homosexploitation, on se fiche de donner une image bonne ou mauvaise de l'homosexualité, le sujet n'est pas là, on exploite l'homosexualité pour attirer le chaland, ça apparait plus opportuniste qu'homophobe.