L'Inspecteur Harry c'est une icône, un modèle de la pop-culture. Un personnage qui traversa les époques comme Clint Eastwood sait les incarner tel que l'Homme sans nom ou le vieillard grincheux qu'il incarne dans ses propres films. Classé 17e meilleur héros du cinéma Américain par l'American Film Institute, armé d'un Magnum et de punchlines bien senties, il popularisa l'image du gars badass qui fait justice avec des méthodes peu recommandables (et pourtant c'est Un justicier dans la ville qui se prendra toute les polémiques 2 ans plus tard).


Il est probable que l'affaire du Tueur du Zodiaque qui inspira le film lui donna une publicité record, mais ce film ne fait pas honte à sa réputation qui, malgré une idéologie plus que douteuse (on y arrive), arrive à marquer grâce à son personnage atypique et une mise-en-scène efficace de Don Siegel qui nous montre San-Francisco sous ses meilleurs jours, ensoleillé et nocturne, mais surtout pluriculturel, remplie de noirs, de blancs, d'asiatique, de mexicains, d'homosexuels et d'hétéros.


Outre son personnage devenu culte incarné par un Clint Eastwood qui déborde de charisme à faire jouir les minettes à vue, on ne pourra malheureusement pas faire l'impasse sur l'idéologie que ce personnage et le film véhiculent sont quand même sacrément douteux et prônant presque à une justice expéditive sans le moindre jugement.
Car en effet, peu importe le moment du film, les voies officielles de la justice sont constamment montré comme un frein à la punition de criminels et à la sécurité des citoyens, les méthodes brutales non-conventionnelles de Harry sont quant à elles, montré comme la bonne décision. Bon alors je ne dis pas que la justice est parfaite en elle-même car il existe bien des connards qui se servent des vides juridiques pour s'en tirer blanc comme neige (ce qui arrive dedans d'ailleurs).
On pourrait faire l'impasse dessus si il n'y avait réellement aucun moyen d'arrêter Scorpion dans le film.


Sauf qu'il est totalement impossible que Scorpion ne soit pas juger comme coupable du meurtre de la jeune fille enterrée puisqu'il a forcément donnée sa localisation, sous la torture de Harry certes, mais il faudrait "idiot" comme il dit pour ne pas pouvoir le juger comme coupable. Don Siegel essaye bien de cacher ce détail aux yeux des spectateurs mais le trou reste visible (sans compter l'analyse balistique qui est éjecté en mode "on s'en fout").


A partir de là, difficile de ne pas voir une propagande qui fait passer la loi et l'ordre pour des incompétents où seul des flics comme Harry sont les seuls justiciers valables, encore pire avec ses actes qui sont idéalisées


(quand Harry jette son insigne dans l'eau).


Ce n'est pas aidé par le personnage de Scorpion qui est tout simplement unidimensionnel mais néanmoins sauvé par une cruauté et un sadisme poussé à l'extrême qui le sauve en tant que personnage. Mais en tant qu'archétype, il sert surtout à idéaliser les actes brutales de Harry le manichéisme du film nous poussant à choisir Harry comme étant le seul bon rôle dans l'histoire.


Encore heureux que Harry Calahan reste un flic avec des limites d’intégrité malgré tout, parce que si le héros avait été un vrai salopard de ripoux, c'est clair que ça aurait été autre chose (on va quand même pas laisser des flics pourris faire la même chose que Harry quand même ?).


L'Inspecteur Harry reste malgré tout un bon film avec un héros charismatique, une mise-en-scène bien rodée qui n'hésite pas à nous montrer de face ce qui nous déplaît malgré les limitations de l'époque et qui ne tombe pas dans le tire-larme . Mais un conseil, ne partez pas dans l'idée que ce film enseigne quelque chose, car selon moi, ce qu'il enseigne n'est pas recommandable.


Mais bon, on ne vas quand même pas regretter les superbes punchlines que Clint nous sert dedans, pas vrai ? ;)

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le 20 nov. 2016

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Housecoat

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