L'Obsédé
7.7
L'Obsédé

Film de William Wyler (1965)

Le bon plan drague : la séquestration

En voyant ce disque dans ma pile de films, je me suis dit: ho ben de la décennie 2000-2010, pourquoi pas? Je pensais qu'il s'agissait du Collector de Marcus Dunstan. Erreur. En fait c'est un de ces enregistrements télé transféré en DVD, un vieux film passé sur france 3 il y a quelques années. J'hésitais à poursuivre car j'étais d'humeur à regarder quelque chose de neuf. Et puis je me suis dit autant jouer le jeu du hasard et voyons de quoi il retourne. Je n'ai pas été déçu.


L'obsédé est un huis clos étonnant par le point de vue adopté. Nous sommes du côté du kidnappeur, du fou, de l'inadapté comme il est si bien dit dans le film. Et bien sûr, prouvant une fois de plus que Hitchcock avait raison, la raison pour laquelle le spectateur se range du côté du 'méchant', c'est que ce dernier rencontre pas mal de conflits permettant ainsi de s'identifier au bougre. Il y a d'ailleurs une scène, totalement incroyable et pas si éloignée que ça d'une scène dans psycho, celle où Norman Bate tente de se débarrasser du corps ; la scène en question nous montre un voisin arrivé à l'improviste qui risque de découvrir le pot aux roses. A ce moment, la tension est à son comble.


Je dirai que le défaut du film vient de con concept renfermé ; l'histoire repose sur seulement deux personnages enfermé dans une maison. Il est parfois difficile d'élever la tension, et je dois dire que le début m'a semblé un peu mou. Mais ça c'est aussi la faute à une mise en scène trop distante, certaines séquences auraient certainement gagné en dynamisme et même en beauté contemplative avec des plans plus serrés, sur les mains par exemple. J'ai eu l'impression que Wyler avait peur d'aller trop loin, de trop se rapprocher de ses personnages à cause du côté malsain développé.


La fin m'a semblé un peu tirée en longueur car on finit par ne plus trop savoir quels sont les vrais enjeux des personnages. Wyler tire son épingle du jeu, mais il y a un petit moment de transition durant lequel le spectateur pourra se sentir largué. Du reste, la mise en scène est intelligente. Je reviens sur la scène de tension du film, avec le voisin, où le découpage est particulièrement brillant.


Le casting est réussi. Pour incarner la demoiselle en détresse, nous avons une splendide rouquine, Samantha Eggar, qui semble avoir pris son rôle très au sérieux. Et en face d'elle un jeune Terence Stamp, au regard aussi profond qu'inquiétant. Mais c'est vraiment l'alchimie entre les deux acteurs qui est décisif. La façon dont ils se répondent d'un simple regard, les petits détails. Il est des plans où l'on a envie de regarder tout sauf leurs visages, tant leurs corps entiers se répondent (d'où l'idée d'avoir plus de gros plans de temps en temps pour jouer avec le reste du corps).


Enfin, le thème musical est entraînant et utilisé avec intelligence. Si le son plus globalement ne sort pas de l'ordinaire (en même temps, un bon mixeur dira toujours que si on ne remarque pas son boulot, c'est qu'il est bien fait), c'est vraiment du côté de la BO que Wyler se lâche et ce avec beaucoup d'ingéniosité.


Bref, L'obsédé est un film très divertissant. Je reproche juste quelques longueurs et un découpage qui manque parfois de dynamisme, qui est trop distant ; à part ça, c'est de très bonne facture.

Fatpooper
8
Écrit par

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le 1 nov. 2012

Critique lue 672 fois

7 j'aime

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