Drôle de spécimen que nous offre Netflix avec le dernier Coen.
Pensé initialement comme une mini-série en 6 épisodes, la Ballade de Buster Scruggs est récemment devenu un film, ou plutôt un recueil de contes chapitré en autant de parties. D’une durée variable, les histoires s’enchainent sans aucun lien entre elles, un chapitre clos en ouvrant un autre totalement différent avec ses propres personnages et enjeux.
Beaucoup de chansons (un chouïa trop ?), des personnages et des thématiques qui brassent larges dans l’encyclopédie du western, des indiens, du banditisme, des caravanes, des duels, de l’or,… On en viendrait presque à croire que les frères Cohen ont renversé leur bac à jouets pour s’amuser avec les poncifs du genre jusqu’à obtenir un espèce de « best-of » brinquebalant, pour ne pas dire décousu.
Alors oui, on y retrouve l’absurdité et le verbe qui fait tout le sel de leur filmographie, mais les histoires s’enchainent tellement vite que la triste impression de ne passer qu’une poignée de minutes avec chaque personnage vient entacher le plaisir que l’on prend à les connaitre. C’est d’autant plus regrettable quand on songe à l’efficacité redoutable avec laquelle les deux frères nous les dépeignent, il ne nous fait guère plus d’une scène ou deux, voire d’un seul plan parfois, pour comprendre à qui l’on a à faire.
Du cassage du 4e mur de la première histoire à l’anti-climax total du dernier chapitre, les Coen s’essayent à différents exercices de styles, tous réussis sans exception avec brio. Toutes les histoires ne se valent pas, mais leur exécution relève d’une maîtrise incroyable du 7e art. Mention particulière à un troisième chapitre génialement narré et un quatrième d’une beauté sidérante.
Un 6/10 très sévère, j’en conviens, mais représentatif d’un divertissement honnête qui aurait néanmoins eu, à mon sens, plus à gagner dans son format d’origine.