Ce film-là, est une œuvre phare dans la filmographie de Suzuki ("Histoire d’une prostituée", "La jeunesse de la bête"), audacieuse, sulfureuse et ambitieuse, elle dépeint de manière très colorée, le Tokyo dévasté par la guerre et la place que chacun des habitants, essayent de se frayer au milieu du chaos.


Une fois de plus, le cinéaste semble vouloir mettre de côté le film de yakuza, pour mettre en avant de jeunes femmes endurcies par la guerre. Dans un Japon en reconstruction, il nous conte la vie de cinq prostituées à leur compte, et celle d’un homme plongée dans diverses violences et trafiques qui ne tardera pas à devenir une convoitise pour ces jeunes femmes qui ne connaissent que sexe et violence.


La barrière de la chair, c'est tout simplement une barricade contre l’amour. Le sexe s'y veut dépeint comme un business et ne doit en aucun cas devenir un sentiment forgé par l’émotion et renforcé par l’amour. Ici, le cinéaste le fait très nettement comprendre, puisque ces héroïnes s’interdisent de la franchir, au point de punir violemment celle qui osera si risquer.
Et pour cause : "La barrière de la chair", c’est aussi un film féministe, puisque ces héroïnes s’interdisent de tomber amoureuses pour ne pas être à la merci d’un homme. Elles souhaitent vivre de manière totalement indépendante, mais sont-elles certaines de leurs choix ?


Sensuel, érotique et violent, ce film vous propose un spectacle visuel stylisé, dont les couleurs chatoyantes, les éclairages étudiés et les scènes dénudés développent de manière surprenante, un véritable message politique. Suzuki y explore les relations entre les Japonais et les occupants américains, tout en n’hésitant pas à dénoncer le soutien des étrangers envers les gangs de yakuzas.


Sortie en 1964, cette œuvre, dévoile un renouveau dans le cinéma japonais, chaque plan proposé est une merveille de réussite contemplative, ajusté par des lumières, des couleurs et des cadrages soignés et sublimes.

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le 11 févr. 2018

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