Pour son second long-métrage en tant que réalisateur, après le très bon "Monsieur et Madame Adelman", Nicolas Bedos réunit un casting 5 étoiles parmi lesquelles deux monstres sacrés du cinéma français (Daniel Auteuil et Fanny Ardant) pour une comédie à la fois romanesque, romantique et nostalgique sur le temps qui passe, le couple et la vieillesse.
Sur base d'un point de départ plutôt original (un homme vieillissant et désabusé se voit proposer par une entreprise spécialisée dans la reconstitution interactive de revivre quelques jours de l'époque de son choix, aussi choisit-il l'année 1974 durant laquelle il a rencontré celle qui allait devenir sa femme), le réalisateur signe une oeuvre à la fois très drôle (les dialogues sont savoureux de causticité et d'ironie mordante) et mélancolique traitant de toute une série de thèmes propres à la vie elle-même (les regrets, les échecs, les réussites personnelles et professionnelles), sans jamais être pompeux, tout en optant pour une mise en scène originale (la reconstitution du passé se substituant de manière très crédible à celle du présent) ni démonstrative ni tape à l'oeil.
Le plaisir du film émane également de ses comédiens, tous excellents, à commencer par un Daniel Auteuil toujours aussi sobre et naturel dans son rôle de sexagénaire rattrapé par l'âge. A ses côtés, Fanny Ardant, dans le rôle de sa femme, est tout aussi émouvante. Mais la "révélation" du film (si l'on peut dire) est très certainement Doria Tillier, qui interprète la comédienne jouant la version jeune du personnage incarné par cette dernière. Tour à tour charmante, récalcitrante et sensible, passant d'une émotion à l'autre avec finesse, elle arrive à franchement nous émouvoir.
Enfin, mention spéciale à Guillaume Canet, particulièrement drôle dans un rôle qui peut se voir comme une sorte de double de Nicolas Bedos lui-même (le metteur en scène des reconstitutions interactives), aux répliques cyniques et caustiques.
En somme, "La Belle Epoque" constitue une belle réussite, au sujet fort et original qui ne manquera pas de toucher le plus grand nombre de personnes droit au coeur de par l'universalité des thèmes abordés. En dépit de quelques défaut par ci par là, (2-3 scènes de sexe un peu inutiles, une dernière partie un peu plus classique), il reste un film à voir, démontrant une fois encore que le cinéma français (à la fois populaire et intimiste) a encore de beaux jours devant lui, quoi qu'en disent ses détracteurs.