Alors, alors... j'ai vu La Belle Epoque. Parce que tout le monde en parle et qu'il n'est pas super mal noté sur Sens Critique (même s'il ne faut pas toujours se fier aux notes, of course...)
Côté casting, Nicolas Bedos convoque toute la clique et se paye de sacrés acteurs (ou des acteurs sacrés, ça marche aussi) : Daniel Auteuil dans le rôle du vieux padre à la ramasse, Fanny Ardant dans le rôle (chimérique) de Fanny Ardant et Guillaume Canet dans le rôle de Nicolas Bedos (bah oui, ça crève les yeux !) On assiste donc à un très bel exercice de mise en abyme dans lequel le scénariste, Antoine (Guillaume Canet), programme sa petite histoire perso en ajoutant un soupçon de perversion pour récupérer sa comédienne, Margot (Doria Tillier), qui est elle-même engagée pour que Victor (Daniel Auteuil) retrouve la flamme originelle de sa rencontre (en 1974 !) avec sa femme Marianne (Fanny Ardant).
Tout ce joli monde évolue ainsi dans un univers parallèle qui ne cesse de bouleverser les projets de Victor et de Marianne. En bonne psychanalyste complètement allumée (cliché du cinéma bobo-intello), Marianne vire son mari de son bel appartement parisien et le remplace par un brave type encore plus ennuyeux que Victor incarné par un Podalydès assez ridicule. ET en bonne bourgeoise égocentrique, Marianne se rend compte que la vie passe (le scoop !) et que Victor n'est peut-être pas si ringard... Alors que le mari (re)tombe amoureux quelque part dans un studio en carton-pâte, la femme annonce sa séparation à son fils chéri... un montage alterné simple mais qui en dit long sur l'ambiguïté de toutes ces relations familiales. Le père, désuet et pauvre de surcroît, vient réclamer de l'argent à son fils qui, à quarante ans passés, n'a toujours pas dépassé le cap freudien du complexe d'Œdipe car, sans trop en dire, la mère elle-même ne semble pas prête à ouvrir les yeux (faute de se les crever).
De coucheries en tromperies, on finit par se rendre compte que tout cela est une jolie cascade de fantasmes d'enfant gâté du cinéma où le point d'orgue se situe précisément à la frontière entre le réel et l'auto-projection du scénariste orgueilleux qui n'en finit plus de desservir ses personnages enfermés dans cette histoire d'artifices sortant tout droit de l'imaginaire d'un mégalo en psychanalyse.