Voir le film

La Belle et la Bête pallie ses quelques défauts grâce à des costumes sublimes, un casting exemplaire et une légère réécriture, pour presque deux heures d'émerveillement. Mais est-il trop fidèle à son aïeul animé ?


Les studios Walt Disney Pictures continuent sur leur lancée, produisant des remakes de leurs dessins animés les plus iconiques. Ceux-ci ont enchanté l'enfance des parents d'aujourd'hui qui retournent probablement avec plaisir dans les salles. Certains de ces remakes proposent un divertissement de qualité mais calibré sur un modèle type, renouvelable à l'infini : une transposition fidèle, parfois plan par plan, en approfondissant légèrement l'écriture de certains personnages. Cendrillon (Kenneth Brannagh, 2015), Le livre de la Jungle (Jon Favreau, 2016) et enfin, La Belle et La Bête de Bill Condon se calent sur ce modèle. Des films de commande dirigés par des réalisateur ayant fait leurs armes sur des sagas à succès : Thor, Iron Man, Twilight. S'éloigner de ce schéma est un risque potentiel pour le studio qui est capable du meilleur (Maléfique, avec Angelina Jolie) comme du pire (Alice au pays des merveilles de Tim Burton).


Ce nouveau film La Belle et la Bête reste donc curieusement fidèle au dessin animé qui a ensorcelé nos jeunes années. Parfois, nous avons le sentiment de voir une transposition live plan par plan plutôt qu'une nouvelle adaptation ; il faudra donc peut-être éviter de revoir le dessin animé juste avant sous peine de voir double. Les modestes changements apportés concernant surtout les personnages qui bénéficient d'un peu plus de personnalité ou de contexte. On explore notamment l'absence de mère de Belle, et son féminisme d'avant-garde (n'oublions pas que nous sommes dans la France du XVIIIè siècle) est un peu plus mis en avant : elle dit clairement ne pas rechercher l'amour à tout prix, et même ne pas forcément vouloir d'enfants. Personne ne semblait plus parfaite pour incarner ce rôle qu'Emma Watson, figure engagée pour l'égalité des sexes, et Belle nous ravit autant de ses grands yeux bruns que grâce à son verbe piquant.


A ses côtés, une Bête plus humaine : ses traits, tout comme ses motivations, sont généralement moins bestiales. En conséquence, une Bête (malheureusement ?) moins effrayante à ses débuts, mais aussi moins égoïste, qui justifie d'autant plus une possibilité de romance entre les deux héros et atténue l'aspect polémique "syndrome de Stockholm" de leur relation. Seul regret : Dan Stevens manque parfois d'aspérités et cela se ressent, surtout au dénouement. Et puis, autour d'eux, une sélection d'acteurs admirables, dont l'excellent Luke Evans qui incarne un Gaston délicieusement insupportable. Son acolyte LeFou reste désopilant, mais aussi beaucoup plus attachant. Audra McDonald donne vie à Garderobe et la sort de l'ombre.


Seuls, Ewan McGregor et Ian McKellen, parviennent difficilement à nous faire oublier Lumière et Big Ben tels que nous les connaissions, les seuls à perdre de leur personnalité. En partie responsables de cela, les effets spéciaux numériques tendent aussi à gâcher la magie de certaines scènes, et notamment l'iconique séquence "C'est la fête", transformée en bouillie visuelle insipide. Mais nous pardonnons cet écart grâce aux décors époustouflants, aux costumes sublimes, et à la composition musicale d'Alan Menken qui nous transporte avec autant de bonheur qu'il y a 25 ans.


On ne comprend pas trop ce que La Belle et la Bête version 2017 apporte de plus à l'univers Disney (mis à part de l'argent), mais il reste un divertissement de qualité, fidèle à l'esprit d'origine, qui se regarde avec plaisir. C'est aussi l'occasion de ressortir ses grands classiques pour les faire découvrir aux enfants. En espérant que les studios oseront plus de risques avec les adaptations à venir d'Aladdin, Mulan et... Le Roi Lion.

Filmosaure
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 mars 2017

Critique lue 626 fois

4 j'aime

1 commentaire

Filmosaure

Écrit par

Critique lue 626 fois

4
1

D'autres avis sur La Belle et la Bête

La Belle et la Bête
Behind_the_Mask
6

Remake, magie et embonpoint

Chacun a sa petite opinion sur cette série de remake live entamée par la souris aux grandes oreilles. Si vous me lisez régulièrement, vous savez ce que pense le masqué, qui a pu certainement paraître...

le 27 mars 2017

47 j'aime

8

La Belle et la Bête
Tonto
6

Bis repetita placent. Quoique...

Bon, d'habitude, je résume l'histoire, mais là, je crois que je peux vous l'épargner, vous auriez l'impression que je vous prend pour des incultes... Là voilà donc, la fameuse adaptation de La Belle...

le 23 mars 2017

41 j'aime

9

La Belle et la Bête
reastweent
5

Si c'est pas baroque, c'est du toc !

ATTENTION SPOILERS Inutile de s’encombrer d’une énième critique de la politique de la firme aux longues oreilles qui, au lieu de se consacrer à des projets neufs et inédits, semble plus que jamais...

le 24 mars 2017

28 j'aime

4

Du même critique

Boule & Bill
Filmosaure
1

Boule débile

Que ceux qui déclaraient d’emblée, sans même avoir vu le film, que l’on massacrait leur enfance à la scie sauteuse, se rassurent : ils avaient raison. Nous passerons outre le débat sur la médiocrité...

le 1 mars 2013

111 j'aime

51

Only God Forgives
Filmosaure
5

Critique de Only God Forgives par Filmosaure

Comme pour dissiper une confusion existant depuis le succès de Drive auprès du grand public, Nicolas Winding Refn revient avec Only God Forgives, un exercice hautement stylistique qui relève plus du...

le 22 mai 2013

86 j'aime

13

L'Odyssée de Pi
Filmosaure
9

Prière cinématographique

Ang Lee nous a montré au cours d’une filmographie hétérogène qu’il était capable du meilleur comme, si ce n’est du pire, tout au moins du médiocre (oui toi Hulk, je te regarde). L’on tend à retenir...

le 4 déc. 2012

74 j'aime

10