S'il reste des gens qui sont persuadés que tout va pour le mieux de l'autre côté de l'Atlantique et que le monde est entre de bonnes mains, ce petit film malin, 3ème opus d'une trilogie québécoise au vitriol, pourrait être une révélation. Pour les autres, il se sert habilement du contexte économico-politique actuel pour dérouler une intrigue plaisante au sujet d'un Robin Capuche (éh oui, au Québec, on traduit tout, alors moi aussi !) malgré lui, qui se retrouve en possession d'une groooosse somme d'argent sale et va tirer toutes les ficelles d'un système vicié pour venir en aide aux plus démunis. Le pot de terre se rebiffe, c'est toujours festif. Tous les pourris en prennent pour leur grade (avocats véreux ou mafieux bling bling) sans pour autant passer au pilori : tous restent des personnes à part entière, avec des familles et de vrais sentiments, mais séduits par la facilité du crime. On dirait que le monde entier conspire à laisser le champ libre aux corrompus. Au milieu du désastre, un trio de Justes, aux pedigrees pourtant étonnants : un intello inadapté (des lettres de noblesse), une call girl et un repris de justice appartenant à un gang de motards. Mais eux aussi ont un double fond et ne se contentent pas d'être le rôle social qu'ils ont choisi à moment donné. Du coup, notre Ocean's Three se pare d'un petit côté Loachien de bon aloi, et l'intrigue peut se dérouler jusqu'au final heureux qu'on espère, à coups de péripéties cocasses. A peine si on passe par les cases pénibles du hold-up sanglant et de la torture infligée à un pauvre gars tout jeune pris dans l'engrenage de la violence. Un drôle de cocktail, donc, qui balaie assez large mais m'a séduite par sa gentillesse, aussi incongru que puisse sembler ce mot en matière de fiction d'outre-Atlantique, son héros ingénu mais tenace et l'actualité de son propos social. Bref, la bonne surprise de la semaine.