Scénario :
Marcello est un garçon qui ne sait pas ce qu'il veut : toujours dans l'instant présent, il séduit une femme mais ne veut pas que sa copine le quitte pour autant, il dit vouloir s'engager mais ne le fait jamais, il largue sa copine pour la récupérer deux heures après, il ne répond jamais franchement à une question. En plus, bourré, il est insupportable.


Et Marcello va, de soirées en soirées, de séductions en séductions tout en essayant de gagner sa croute en tant que journaliste dans les débuts de la presse à scandale. Son pote photographe, Paparazzo donnera lui-même le nom d'une profession.


Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"



En tant que sujet d'étude :



La Dolce Vita est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Federico Fellini un réalisateur dont je n'avais vu aucun film.


On est dans un film qui est à l'image de son protagoniste : foisonnant. Le film part dans une direction, repart dans une autre, passe littéralement du glauque au festif et le tout est sous forme d'un proto film à sketch. Il est intéressant de voir le nombre de personnes célèbres dans le cinéma italien qui étaient à la production (une partie du scénario a été écrit par Passolini, le film à été produit par Dino Delorantis.) Marrant de voir que trois des actrices jouant les conquêtes de Marcello sont françaises mais parlent italiens parfaitement.


Fellini utilise Rome comme décors et le film se vendra surtout pour la célèbre scène de la fontaine de Trevi, pendant italien de la scène de la jupe de Marilyn Monroe. Mais on y observe tout un tas de lieux célèbres aussi.


C'est intéressant aussi de voir que le film avait été à l'époque aussi bien descendu par la presse de droite que par la presse de gauche qui lui reprochaient des défauts totalement inverses. La scène finale qui fut qualifiée d'orgie ressemble au final, à une soirée où tout le monde fait un peu de la merde, mais c'est marrant on pourra réappliquer ces reproches maintenant à Spring Breakers (qui pour le coup est un bien moins bon films. J'en parle plus bas.)


Comme quoi, il y a une forme de transgression par la fête et le film en montre les différentes formes : Celles guindés, celle des acteurs de cinéma dans les clubs à la mode, la nuit au cabaret, la fête entre intellectuel où l'on fait de grands discours sur le devoir du mari (qui sera totalement invalidé par le fait divers glauque de la fin) la fête des nobles qui se cherchent des occupations même ridicules et fini par une fête trop arrosée où l'on ne sait plus trop ce que les gens font.


C'est un film vivant, mais la lecture de la (très bonne) fiche wikipédia sur le film remet pas mal de choses en contexte, notamment certains événements dont s'inspirent le film : (le transport de statues religieuses en hélicoptère, les scandales médiatiques qui ont émaillés l'italie des 50's et dont le film fait allusion, etc...)



Mon avis personnel :



Avec ma copine, on commençait à se dire que rattraper des oeuvres de cinéma commençait à nous faire désespérer du cinéma italien : On avait trouvé Antonioni prétentieux, Visconti et Rosi sopporifique, et Bertolucci didactique. J'étais à ça, de jurer que le seul cinéaste italien potable était Sergio Leone. Mais, il fallait qu'on teste celui qui était considéré comme "le plus grand" : Fellini.


Et... j'aime bien. Bon, sur 3 heures de films on était crevé, on a coupé le film en deux, mais le film est en plusieurs parties bien distinctes et bien découpé, du coup, ça passe crème. Alors, certes, ça raconte plus des petits moments qu'une grande histoire, mais il y a de la vie, des personnages, des éléments comiques et tragiques. Le film est riche de passages vraiment intéressant et que j'ai aimé analyser.


Et surtout, je commençais aussi à désespérer de ce cinéma fait par des hommes pour des hommes dont la relation avec les femmes sont souvent fantasmées, avec des hommes présentés comme des séducteurs au comportement proche de celui du violeur et qui aligne des conquêtes, le tout filmé avec une tonne de plan type "male gaze". Lorsque j'ai vu que le personnage principal en était aussi un, j'ai un peu soufflé en mode "putain, c'est reparti" sauf qu'ici... il y a de la consistance.


Le film explique par petites touches que son côté "jouisseur" est une façade et qu'il ne fait que reproduire le mode de vie que de son père. Et surtout, il n'arrête pas de se prendre des vents (au sens propre comme au figuré) par l'actrice Sylvia qui semble ne jamais le calculer. Même le rôle de la fiancée, jouée par Annouk Aymée est loin d'être l'habituelle petite copine jalouse (à la Daisy Duck) et montre par petites touches un véritable personnage de femme amoureuse qui souhaite que son copain la demande en mariage et aimerait créer une famille. C'est loin d'être d'une originalité folle, mais c'est bien décrit.


Le film est bien trop rempli pour que je ne puisse pas l'aimer. J'allais dire qu'avec La Party et les films de Kusturika, j'adore les films où les gens font la fête. Et ça me permet de mettre le doigt sur ce que je n'ai pas aimé dans Spring Breakers : l'image de la fête y semble irréelle et fantasmée (car elle reprend celle des clips) ce qui me rend totalement extérieur à ce que vive les personnages (mais c'est peut-être l'idée.) J'aime les films où l'on voit des gens s'éclater, y compris quand ça part dans le nawak. Il y a une sorte de sympathie communicative.


Après, j'ai quand même du mal avec certaines scènes et notamment la façon dont Fellini filme Paola la petite serveuse qui a à peine 15 ans et que Marcello flatte. Le fait de finir le film par son visage donne l'impression qu'ils cherchent à sublimer la fascination de l'adolescente pour les hommes mûrs et j'avoue que ça me fout franchement mal à l'aise. Certains passages aussi sont relativement anecdotiques en soi, mais dans l'ensemble, j'ai aimé.


Je terminerai par ce dialogue que j'avais avec ma copine en voyant ce film :
"Les Italiens ils sont représentés comme des séducteurs dans les films alors qu'en vrai, ils couchent jamais, ils sont trop cathos."
"A côté, les français ils sont représentés comme des séducteurs alors qu'en vrai, ils draguent comme des merdes."

le-mad-dog
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Rattrapage culturel : Un Réalisateur = Un Film

Créée

le 8 sept. 2018

Critique lue 266 fois

1 j'aime

Mad Dog

Écrit par

Critique lue 266 fois

1

D'autres avis sur La dolce vita

La dolce vita
guyness
9

Tes reins vagues

Rome en 1960 est un espace truffé de terrains vagues, à l'âme. La Dolce Vita est un film d'une tristesse implacable. Une illustration somptueuse d'une désillusion permanente. Un film qui montre que...

le 21 déc. 2012

106 j'aime

19

La dolce vita
Grard-Rocher
9

Critique de La dolce vita par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En Italie durant les années soixante, la presse à scandale connaît un large succès. Bien entendu les chroniqueurs du genre et les paparazzis se précipitent et se battent afin d'obtenir le meilleur...

78 j'aime

15

La dolce vita
Docteur_Jivago
9

La chute de l'empire romain

À l'exception d'un court-métrage dans Histoires Extraordinaires, je n'avais jamais tenté l'expérience Fellini, c'est chose faire avec La Dolce Vita, où le cinéaste italien nous fait suivre les...

le 6 sept. 2015

49 j'aime

13

Du même critique

Un chien andalou
le-mad-dog
8

Arrêtez de dire que vous ne comprenez pas ce film !

Un Chien Andalou faisant parti d'une liste de films à voir qu'avait ma copine, je l'ai donc revu. Et c'est limite un passage obligé dans les études sur le cinéma. (Le film était gratuit sur YouTube à...

le 12 janv. 2023

87 j'aime

Marvel's Iron Fist
le-mad-dog
4

Pourquoi c'était moyen.

J'ai eu deux fois mal au cul la semaine dernière : La première fois en me pétant le coccyx, la seconde, en me matant l'intégrale de la première saison d'Iron Fist que j'ai regardé "faute de mieux"...

le 1 févr. 2023

52 j'aime

11

Blow-Up
le-mad-dog
5

Antonioni ou la métaphore du mime qui fait du tennis !

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel version....heu.... non...." En fait, il ne fait partie d'aucune de mes listes de rattrapage de films. Bizarre, j'étais certain qu'on me l'avait...

le 22 oct. 2016

51 j'aime

6