On avait vraiment aimé le Labyrinthe de Pan. Après, plus grand-chose. Hell Boy I, puis II. L'horrible Pacific Rim. Les Transformers qui rencontrent Alice au Pays des Merveilles.
Il s'est passé quelque chose en 2016: Crimson Peak. Sombre et gothique, cette histoire d'amour, de douleur et de fantôme renvoyait Hollywood à ses petits tracas et à ses gros appétits.
Et puis La Forme de L'eau. Son plan d'ouverture magique, inverse à la fameuse grue de Citizen Kane, des cintres à la scène, sur la musique divine d'Alexandre Desplat; l'amour du cinoche, du travail des potes, des salles d'autrefois, les citations (Welles, Cameron, De Mille, Jack Arnold, Cocteau, Wilder), la virtuosité des mises en abyme (non l'histoire de Samson n'est plus un spectacle grandiose quand elle racontée par Michael Shannon); la distance prise avec une Amérique frelatée et son passé trouble fait d'exclusions et de violence qui parfois se conjugue au présent; la drôlerie et l'humour; la magie de l'amour et des silences éloquents quand ils disent la solitude et l'envie absolue d'être ensemble. Et puis le beau Serge (Gainsbourg)... Quelle Javanaise! Tout est délicatesse, distinction, et magie. L'auteur (et oui!) nous fait cadeau d'un film personnel derrière lequel il a le tact de disparaître un peu au profit de son histoire et de ses personnages. Le (vrai) cinéma populaire n'avait pas atteint ce niveau de perfection depuis Tim Burton et les années 90. (Vous avez dit Edward ?)
Le seul regret pourrait concerner le sexe et la violence. Faut-il que ces démonstrations soient aussi inutilement crues? Burton n'avait pas besoin d'autant de réalisme pour montrer la brutalité, le vide et la vulgarité.
Un peu de bonheur avant de se taper le prochain Eastwood!
Viva la revolución!