Une bonne histoire c'est une histoire qui se raconte simplement. Par exemple, il était une fois
une princesse triste qui ne parlait pas. Elle vivait dans une petite maison délabrée et avait deux amis. Un vieux monsieur qui vivait à coté de chez elle et une bonne fée, gironde avec de bonnes joues comme on les aime.
La princesse était triste car elle n'avait pas de prince charmant et elle l'attendait.
Un jour son prince charmant arriva et la princesse tomba amoureuse de lui immédiatement.
Malheureusement le prince était prisonnier et gardé par un gardien monstrueux.
Aidé par un valet du gardien qui portait un lourd secret, la princesse amoureuse parvenait malgré tout à voir le prince. Ils se retrouvaient souvent et petit à petit leur amour grandissait. Ils étaient heureux.
Mais le malheur s'acharna sur eux et le prince fut condamné.
Porté par son amour la princesse aidée par sa bonne fée, par son ami et par la valet parvient à s'enfuir avec le prince.
La gardien fou de rage se lança à leur poursuite. La chasse les emmena jusqu'au bout du monde.
Ne pouvant plus reculer ils s'affrontèrent dans un combat mortel. La princesse fut blessée, le prince aussi mais ils parvinrent à fuir vivants, heureux et libres.
Maintenant il ne reste plus qu'à traduire cela.
Disons que l'on transpose l'histoire dans les années 60 dans une grande ville américaine. La guerre froide bat son plein et les minorités sont rejetées, noirs n'ont pas de droits.
Notre princesse travaille pour le gouvernement, elle fait le ménage dans le bâtiment gouvernementale avec son amie la bonne fée. Elle est muette. La bonne fée est noire. Le voisin est homosexuel. Des minorités unies.
Le prince charmant vient d'Amérique du Sud mais si il est humanoïde, il tient plus du poisson que de l'homme. Il vit dans l'eau.
Le gardien est un militaire, héros de la guerre de Corée, implacable, presque sans émotion. Un stéréotype américain, la mâchoire carrée, la grosse voiture, la maison proprette, la famille modèle, avec deux enfants et une épouse blonde dévouée.
Enfin le valet est un chercheur qui étudie le prince. Son lourd secret est que c'est aussi un espion soviétique.
Et tout cela marche bien. L'histoire nous tient en haleine, faite de surprises et de poursuites. De rebondissements et de dangers.
La lumière nous plonge dans un film de Carro et Genet, tout est vert et jaune. La musique ne nous lâche jamais jamais jamais, les violons ahhh.
Mais cela reste un conte d'aujourd'hui avec des questions qu'on ne verrait pas dans un film des années 60. On y trouve ainsi des scènes inattendues, de masturbation feminine, de drague homosexuelle, et même de degustation de tête de chat.
Drôle de conte