Je suis allé voir ce film avec un ami fan de blockbuster américains où pour le final tout explose derrière le héros mâle aussi body buildé que sa copine n'est jolie ...je vous mentirais si je vous disais qu'il a passé un bon moment. La plupart diront qu'il manque cruellement de discernement et d'amour de la poésie. Cela dit, je le comprends...partiellement.
Le labyrinthe de Pan m'a plu, mais j'ai un souci avec les films de Guillane Del Toro (j'en ai vu que 4, ça compte? =p), c'est que généralement j'ai du mal à cerner le public visé. Le labyrinthe de Pan par exemple est l'histoire d'une princesse déchue qui cherche à réintegrer son royaume en passant des épreuves (grosso modo hein!). Jusque là ça va, on se dit "bah! pas de kwa casser quate pâtes à un connard kwa, c'est un disney devant lequel je peux mettre ma fille de 7 ans". Oui mais non. Non parce que la violence y est omniprésente. Certaines scènes m'ont..ébranlé dans toute ma virilité. Eh beh Shape of water c'est pareil...mais différent...j'ai été ébranlé dans toute ma sensibilité. Guillaume del Toro fait des films inclassables..Enfin des films que moi je n'arrive pas à classer. Je m'explique. L'histoire de Shape of water? grosso modo c'est la belle et la bête. La petite femme de ménage prude, innocente et muette voit son quotidien bouleversé par l'arrivée sur son lieu de travail d'un nouveau "collaborateur" dont elle ne manquera pas de tomber amoureuse. Voilà. Pourquoi elle tombe amoureuse? Ben...tu comprends...l'amour est aveugle, personne d'autre à part lui ne la comprend car lui aussi est muet (enfin il sait grogner tout de même). Et lui? pourquoi il tombe amoureux? Ben...tu comprends...tout le monde sauf elle est méchant avec lui (surtout le patron) parce qu'il est moche et différent et aussi juste pour le plaisir d'être méchant...parce que voilà quoi: il faut bien faire le film.
Bon allez, accessoirement le collaborateur est en fait un homme poisson. Mais ça c'est du vu et revu, on sait bien qu'en amour l'apparence ne compte pas. C'est ça le message du film hein? Non c'est pas ça? Comment ça trop commun? Bon c'est du Del Toro hein, faut pas déconner: question violence gratuite et créature bizarre on est servi. Par contre, paradoxalement, question scène d'amour sirupeuse aussi.
Et à mon sens il est la le souci. La seconde lecture qu'on voudrait attendre d'une œuvre de Del Toro est trop légère...ou trop occultée. Tu sais la guimauve fondue et le sirop ça colle, une fois qu'on t'en a mis plein les yeux, difficile de voir autre chose. Et pourtant j'aime ça la guimauve. Dommage car tous les ingrédients d'un Del Toro sont là: du cliché de l'autorité officielle qui, vue sous l'angle de la loi a parfaitement le droit d’exercer sa fonction de tortionnaire (le" méchant"), à la petite ingénue pure et (presque) innocente prônant les vraies valeurs de la vie (la gentille) prête à se sacrifier pour celui que tout le monde voit comme différent.
Voilà pourquoi je comprends mon ami. Des fois on a aussi envie de paraître intelligent sans avoir à faire l'effort de réfléchir. On veut aller voir un film d'amour et réussir à y trouver une critique de la société. On veut que les vraies questions de la vie (pourquoi l'inconnu dérange? l'amour peut-il vraiment se passer de l'apparence? Pourquoi le monde est cruel? depuis quand les poissons mangent des œufs durs?) nous soient amenées sur un plateau cinématographique sans qu'on ait à les formuler nous même. Sinon ce remake de la belle et la bête est plaisant à regarder, ambiance rétro des années 50 aidant, mais l'histoire d'amour trop évidente, artificielle et trop rapidement ficelée.
Donc "oui" si vous aimez la guimauve au goût de poisson (original mais déjà vu) et les films ambiances retro. Sinon...regardez les Hellboy!: ;)