Lui ne me juge pas, il ne prend pas en considération mes "défauts", il m'aime pour ce que je suis et non pour ce que je renvois aux autres car ce que je renvois "aux autres" ne plait pas au standard, à l'idéal qu'impose la société.


La forme de l'eau est un film pur qui parle à ce que nous sommes au fond de nous-mêmes. Del Toro viens nous dire que finalement notre être ne se compose pas uniquement des représentations matérielles et même "superficielles" que nous donnons à voir mais bien de ce qui nous anime, ce qu'on est véritablement à l'intérieur de nous-même. Le pari de Del Toro était donc de rendre visible notre fort intérieur qui lui, est invisible. Pari réussis quand à la fin du film on en vient presque à oublier l'animalité de la créature.


Visuellement le film est splendide, il a une vraie identité. La couleur verte est omniprésente, la pluie, l'eau également. Les reconstitutions de la fin des années 50 sont vraiment parfaites (de la Cadillac, aux vêtements en passant par les codes moraux de cette époque).


Techniquement, la caméra bouge énormément, il y a de nombreux plans à la grue et au steady-cam. Ces mouvements sont doux et relativement lents ce qui est agréable pour l'oeil qui a le temps de rentrer et de s'attacher à l'univers. Les transitions sont 90% nettes suivis d'un plan d'ensemble en mouvement qui pose le décor de la nouvelle scène, classique. Cependant, la transition goutte d'eau et celle avec l'effet flou m'ont laissé sur place.


Au niveau des inspirations, je suis obligé de dire que la musique d'Alexandre Desplat combinée aux teintes saturées de couleurs chaudes m'ont fortement fait penser "Aux Fabuleux destin d'Amélie Poulain". Le film a aussi été accusé de plagiat de plagiat à tord ou à raison de Delicatessen de J.Pierre Jeunet et de la pièce pour enfant Let me hear you whisper de David Zindel... Enfin, il est sur que ce film à de nombreuses influences dont certaines qui sont pour le moins évidentes, cela n'enlève rien à la magie du film, au contraire.


Le scénario est complet et cohérent. La fin est bonne avec ce qu'il faut comme tension. On ne s’ennuie à aucun moment dans le film. Je dirais cependant que la deuxième partie du film est encore meilleure que la première.


Mention spéciale à Michael Shannon qui incarne l'échec du modèle américain. Pour une fois, dans un film américain qui se passe pendant la guerre froide, le méchant est un américain et le russe est gentil.


A voir, très touchant et visuellement splendide.

lecinematologue
9
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le 12 mai 2018

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lecinematologue

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