Dans une maison de maître, 4 bourgeois(un juge, un artiste, un grand cuisinier, et un pilote) vont s'adonner, durant un week-end, à une orgie romaine : victuailles et sexe en roue libre.
Ce film est, évidemment, une critique sociale. À travers celui-ci, Ferreri dénonce cette nouvelle société dite de consommation naissante.
Tout d'abord, quand nos 4 compères se retrouvent dans le jardin de la maison, celui-ci est peuplé par des oies et des canards : des animaux connus par leur habitude de gavage ainsi que le recours au viol comme méthode de reproduction. Cela annonce la couleur, ces oiseaux montrant ce que va être ce week-end.
Le film présente une descente progressive au fur et à mesure que s'installe cette ambiance. Ainsi, il présente l'aliénation d'une société à travers cette bourgeoisie.
Au début les protagonistes mangent en respectant la bienséance et en discutant d'art, en jouant du piano, la nourriture est plus pour le plaisir de la bonne cuisine.
Néanmoins, cela commence à se dévoyer, une classe de primaire demande la permission d'observer un arbre particulier du jardin avec leur institutrice. Voyant ce monde, ils leur proposent de manger avec eux : ainsi, ils entraînent des enfants dans cette société de consommation, on ne peut que penser aux mots de Pasolini dans Théorème : "la stratégie des bourgeois, ne serait-elle pas de transformer tout le monde en petit-bourgeois?".
Au fur et à mesure du film, les 4 protagonistes vont faire appel à des prostitués qu'ils entraînent dans leur orgie de nourriture, au point que même en couchant ensemble, ils mangent du cassoulet et du pouet, ainsi la société de consommation devient hégémonique même dans les périodes les plus bestiales de l'homme (le rapport sexuel) . Néanmoins, les prostitués pauvres n'arrivent pas à survivre à cela et décident de partir, cela montre l'exclusion des plus pauvre à cette société là où ils n'ont les ressources pour consommer.
Puis cela va de pire en pire, tandis que l'un est allongé, en pleine indigestion, l'autre contint de la nourrir. Aussi, les protagonistes redeviennent enfant : ils dorment dans des petits lits ou tous dans le même, ils jouent avec la nourriture, et ils préfèrent les choses simples comparées à ce qu'ils mangeaient au début (plus sophistiqué).
Ensuite, ils mourront les uns après les autres, et les oiseaux du jardin, tous mangés, sont remplacés par des chiens symbolisant les protagonistes : voilà ce qu'ils deviennent, des animaux bon qu'à manger, jouer et baiser.
Le film se termine sur un camion qui vient livrer de la viande de très bonne qualité que le dernier survivant, avant de mourir, demande de laisser dans le jardin à la merci des chiens qu'ils sont devenus.
La grande bouffe est clairement une critique de la mise en place de la société de consommation car non seulement aliénante, mais mortelle, car les protagonistes en meurent.

Froward
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le 10 avr. 2020

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Froward

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