Un film de guerre français. Ou plutôt un film de prison français. J'aime bien les films de prison.
L'originalité de ce film, c'est le ton. On est, du début à la fin, dans la bonne humeur. C'en est perturbant parce que même les bosch ne sont pas vraiment méchants en tant que gardiens. La courtoisie est de mise. C'est ce qui fait, à mon sens, le défaut du film en même temps que l'originalité. Car si on n'a jamais vu pareil enfermement, il est difficile de comprendre la raison d'une telle évasion. On s'y sent bien dans cette prison. Les tortionnaires n'en sont pas vraiment. Les conflits sont d'ailleurs très rares. Le film est surtout prétexte à dresser un portrait réaliste du soldat sans tenir compte de ses idéologies puisque celles-ci n'entrent pas vraiment en compte pour définir un caractère. Le film est donc très fort sociologiquement, mais faible dramaturgiquement. D'autant plus que le film se compose de trois parties distinctes qui amènent un recommencement systématique. Et donc des cassures de rythme. J'ai aussi trouvé certains passages un peu longs et redondants, ce qui n'arrange pas vraiment les choses. Il reste au final, quelques très bonnes scènes, des moments un peu émouvants.
La mise en scène est assez bien belle. Pour l'époque, on ne peut que féliciter l'audace technique : des mouvements fluides et pertinents pour rendre compte d'une scène de façon dynamiquement intelligente. La photographie n'est pas moche mais je n'y ai rien vu d'exceptionnel non plus. Juste bien, quoi. Enfin, les acteurs sont bons. Je ne suis pas un fan de Gabin jeune, hormi quelques dialogues récités maladroitement, le bougre s'en sort plutôt bien.
Bref, "La grande illusion" est un film sympa mais qui manque de peps.