La Première Guerre mondiale derrière le front

Pendant la Première Guerre mondiale, le capitaine de Boeldieu et le Maréchal sont faits prisonniers par le commandant Von Rauffenstein, un allemand distingué et respectueux. Dans un camp de prisonniers, ils aident leurs compagnons de chambrée à creuser un tunnel. A la veille de leur évasion, les détenus sont transférés. Maréchal et de Boeldieu sont finalement emmenés dans une forteresse de haute sécurité dirigée par Von Rauffenstein. Toujours aimable, celui-ci remplit son devoir, se liant toutefois d’amitié avec de Boeldieu. Les officiers français préparent cependant une nouvelle évasion…


La Grande Illusion, réalisé par le majestueux Jean Renoir, est un incontournable du cinéma français, regroupant Jean Gabin, Pierre Fresnay et Erich Von Stroheim dans les rôles principaux.
Né en 1884, Jean Renoir s’engage en 1912 dans l’armée pour ensuite s’engager en tant que maréchal des logis au 3e escadron du 1er régiment de dragons de 1914 à 1918 pendant la grande guerre. De 1924 à 1929, Renoir réalise des films muets. 1931, date de son premier film parlant, le succès n’est pas au rendez-vous. Le cinéaste n’est pas confiant mais ne se décourage pas. Enfin, La Grande Illusion marque un tournant dans sa carrière et lui ouvre des portes. La Règle du jeu en 1939 est qualifiée de «chef-d’œuvre». L’ensemble de sa carrière se limite à 95 films, que ce soit comme réalisateur ou acteur.


Je découvre pour la première fois Jean Gabin à l’écran, l'une des "gueules" légendaires du cinéma français ainsi que le charismatique Pierre Fresnay. La complicité évidente agréable à suivre du duo, nous immerge dans leur histoire. L’action des combats n’est pas exposée. L'intérêt s'immisce ailleurs, la guerre est montrée d’un autre point de vue : celui des camps et des familles (femmes et enfants). Le tragique de l’Histoire est minimisé. Intriguant de voir la vie quotidienne à l’intérieur d’un camp, se mouvoir autrement, que les actions fatales sur le front. L’absence des femmes est discernable dans la scène où les prisonniers, pendant qu’ils préparent un spectacle, reçoivent une caisse pleine de costumes féminins. A la vue des bottes, des bas et des robes, ils éprouvent un certain plaisir, un manque de courbes féminines. Un de leur camarade apparait sur scène travesti en vue du spectacle, ce qui les amuse fortement.


Dans la dernière partie, le premier visage féminin apparaît sous le visage d'ange d’Elsa, une veuve de guerre allemande, interprétée par Dita Parlo, qui recueille le Maréchal et son ami Rosenthal après leur évasion. Durant quelques jours, les deux compères vont aider la jeune femme dans ses tâches ménagères et l'activité réservée au homme de couper du bois pour réchauffer le foyer. Le Maréchal séduit de son béguin pour elle et sa profonde affection pour sa petite fille aux yeux bleus. Le jour de leur départ, le Maréchal dit à la petite fille une phrase en allemand apprit au sujet de ses magnifiques yeux bleus. Le Maréchal et Rosenthal dans le plan final, montre les deux hommes marchant péniblement dans la neige en territoire neutre où leur liberté est assurée. Dernier instant symbolique, dernière image ancrée dans la mémoire avant les événements dramatiques de la Seconde Guerre Mondiale.


La Grande Illusion offre de multiples qualités. Le duo fraternel Jean Gabin/Pierre Fresnay est très savoureux. La vision nouvelle de la Première Guerre Mondiale soigne les âmes meurtries.

Pauline-Sapis
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le 31 mai 2015

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Pauline S.

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