Troisième plus gros succès du cinéma français au box-office français (dépassé depuis par Bienvenue chez les ch'tis et Intouchables), le film de Gérard Oury est en fait un vieux projet. Oury et Jean-Charles Tacchella avaient écrit un script autour de jumelles incarnées par Zizi Jeanmaire. Elles aidaient des aviateurs anglais à passer en zone libre lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le script plaît à l'initiateur du projet le producteur Henry Deutschmeister, même si ce dernier préfère le réalisateur Léo Joannon (auteur du dernier film de Laurel et Hardy Atoll K) à Oury. A cela rajoutez que les scénaristes et le réalisateur ne s'entendent pas, que Jeanmaire finit par ne plus être envisagée et finalement Deutschmeister ne trouve pas les financements.
Suite au succès du Corniaud (1965), Oury reprend le script à sa sauce en compagnie de sa fille Danielle Thompson et de Marcel Jullian (déjà scénariste du Corniaud) dans l'optique de refaire jouer le duo Louis de Funès / Bourvil. Autour d'eux, ce ne sont plus six aviateurs anglais, mais trois qui sont présents à l'écran (Terry-Thomas, Mike Marshall et Claudio Brook). Quant au budget, il grimpe jusqu'à 14 millions de francs, faisant de La grande vadrouille le film français le plus cher de l'époque. Les plus de 16 millions d'entrées sur le sol français et les très bons scores à l'étranger ont fait de La grande vadrouille une réussite commerciale indéniable.
La grande vadrouille est un film qui tient pleinement la route, présentant ses différents protagonistes rapidement : les trois aviateurs, un peintre en bâtiment (Bourvil), un chef d'orchestre (De Funès) et une marionnettiste (Marie Dubois) pris dans la tempête en pleine France occupée. Les trois derniers ne se connaissent pas du tout et ne connaissent pas non plus les anglais. Pourtant ils vont les aider au péril de leurs vies et le spectateur va suivre leurs aventures avec attention.
Oury multiplie les rebondissements comme l'anglais arrêté suite à une bêtise, sans compter les scènes à suspense comme celle se déroulant dans le bâtiment occupé par les nazis ou les changements de chambres du duo Bourvil / De Funès et des SS. Tout est fait pour tenir en haleine le spectateur et les deux heures sont donc très bien gérées à travers un récit passionnant.
Le casting paraît d'office sympathique et notamment le duo vedette qui se révèle encore plus performant que sur Le corniaud. Malheureusement, Oury ne pourra pas les réunir une troisième fois : Bourvil meurt avant le premier tour de manivelle de La folie des grandeurs et il sera remplacé par Yves Montand. Mais ça c'est une toute autre histoire.