Tendresse hivernale
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"La Jeune fille au carton à chapeau" est une oeuvre importante dans l'histoire du cinéma car elle est considérée comme l'emblème du courant "La fabrique de l'acteur excentrique" (ou FEKS pour les intimes). La volonté du mouvement était d'anéantir l'art bourgeois, de privilégier les arts populaires que cela soit le cirque ou les clowneries (cf l'allégeance au vaudeville) et d'user d'un jeu d'acteur justement excentrique. Il influencera l'expressionnisme allemand par sa stupéfiante originalité. Les premières minutes dans le film ne mentent pas. Le premier film de Boris Barnet est en rupture nette avec le cinéma muet soviétique traditionnel plus sombre d'essence. Ici l'heure est à la cocasserie, à l'humour burlesque et à la légèreté d'esprit. En 1h il ne faudra pas s'attendre à une intrigue développée. Le scénario somme toute classique ne racontant que l'histoire d'une jeune femme du nom de Natacha fabriquant des chapeaux et qui montera en capitale. Durant son voyage, elle rencontrera deux hommes qui s'énamoureront d'elle. Peut-on leur en vouloir tant Anna Sten est d'une beauté immaculée qui en ferait tourner de l'oeil à plus d'un ?
Quoique humoristique, "La Jeune fille au carton à chapeau" n'éloigne pas la dureté de propos lorsque Natacha arrive dans l'impitoyable monde de la capitale. Son innocence ne s'accorde guère aux tumultes des citadins inflexibles et aigris. Elle contraste drastiquement par sa personnalité à fleur de peau et son comique inné. En parallèle, Barnet fait intervenir les bons d'emprunts d'Etat dans son récit qui permettent au vainqueur de remporter une somme d'argent conséquente. Je reconnais avoir été assez surpris qu'un tel jeu existait dans la Mère Patrie car son esprit n'est guère en accord avec le communisme. La récompense pécunière ne s'accordant pas avec la sacro-sainte égalité. Au final, malgré sa présence, il n'y a pas de propagande positive envers cela. Barnet ne s'en soucie guère car les motivations sont toutes autres à savoir faire rire et émouvoir le spectateur. Et à ce niveau, c'est réussi. Alors que certains muets humoristiques laissent de marbre par leur aspect vieillot, ici l'humour fait mouche et surtout toute cette sympathie qui se dégage de ce métrage nous plaît.
Qui plus est, Anna Sten n'est pas juste une petite poupée placée là juste pour son regard angélique. Elle donne un ton juste à son personnage. On ressent beaucoup d'empathie pour elle, grandement aidé par les gros plans sur son visage qui adopte à plusieurs reprises des petites mimiques enfantines. Enfin, un point d'importance sur l'OST de toute beauté. Dommage encore une fois que le scénario soit des plus simplissimes et ne nous offre aucune surprise.
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Créée
le 26 août 2021
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