Annoncé comme le meilleur film de l’année (un peu con ce slogan lorsque le film sort un 25 janvier), La La Land a déjà raflé pas moins de 7 Golden Globes en attendant la cérémonie des Oscars fin févier où il est nominé dans 14 catégories. Le jeune prodige Damien Chazelle, fort de la réussite de son précédent film Whiplash, porte à l’écran son scénario écrit alors qu’il n’avait que 25 ans.


Sebastian, pianiste talentueux, espère pouvoir ouvrir son propre club de Jazz. Mia écume les castings d’Hollywood mais sa carrière ne parvient pas à décoller. En attendant de pouvoir réaliser leurs rêves, Sebastian joue des chansons de Noël dans un restaurant et Mia sert des cafés. Ils vont tomber peu à peu sous le charme de l’autre au fil de diverses rencontres fortuites. S’aimant passionnément, les vicissitudes de leurs aspirations respectives vont peu à peu les éloigner.


La La Land, c’est un bel hommage à l’âge d’or d’Hollywood et ses comédies musicales, mais c’est également une belle et touchante histoire d’amour. Cette histoire est portée par un duo brillant composé d’Emma Stone et Ryan Gosling qui interprètent donc respectivement Mia et Sebastian. L’évolution des sentiments, les regards qui se font plus doux, l’attraction de ces deux êtres sont divers éléments qui construisent cette histoire d’amour renforcée par la forte complicité des deux acteurs. Ryan Gosling est ici tout en passion et en candeur. Son personnage fait penser par de nombreux aspects aux rôles clés de James Stewart, comme par exemple celui de Monsieur Smith au Sénat. Emma Stone apporte du caractère et du relief au couple. Son visage très expressif, dont les grands yeux font penser à un personnage de cartoon, peut parfois donner l’impression que l’actrice surjoue.


Chazelle ne tente pas de révolutionner le genre de la comédie musicale. Le responsable de la musique, Justin Hurwitz, ancien colocataire du réalisateur à la fac, parvient à proposer à nouveau une série de compositions en parfait harmonie avec les images. Les quelques notes de piano qui lient Sebastian et Mia forment un thème simple et d’une beauté qui égale les grandes compositions d’Ennio Morricone. La chorégraphie, très aérienne, des cinq ou six scènes de danse a quelque chose de candide et de pure à l’image de ces deux amoureux.


Ce qui frappe au début du film est l’incapacité à l’ancrer temporellement. La scène d’ouverture est typique du cinéma des années 30, mais l’environnement semble contemporain excepté quelques éléments, comme la voiture de Sebastian équipée d’un lecteur cassettes, qui viennent jeter un trouble supplémentaire. Cette intemporalité fait écho au dilemme intérieur du personnage de Sebastian qui ne désire pas s’éloigner du Jazz originel tout en ayant conscience qu’il peut et qu’il va devoir faire vivre sa musique avec son temps.


Vivre et réussir à La La Land, ce lieu magique et irréel, a un prix. Ce prix est magistralement abordé lors de la dernière scène du film où la mélancolie emporte dans un furieux tourbillon nos deux protagonistes vers une vie rêvée et idéalisée. Une vie de cinq petites années qui, ils le savent, ne pourra jamais être rattrapée.


Damien Chazelle réalise à nouveau un film plein d’énergie où il joint le fond et la forme dans une tendre mélodie.

Vincent-Ruozzi
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le 3 févr. 2017

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