Comme très souvent lorsqu'on forge beaucoup d'attentes et d'espoirs sur un film, on en sort déçu, et ça n'a pas loupé avec celui-ci. Très loin de l'engouement autour de La La Land, je suis sortie de la salle sceptique, sans même vraiment savoir si j'avais aimé, tout simplement parce que je n'avais pas ressenti grand chose durant ces deux heures. Après avoir esquissé quelques sourires, malgré tout, et rigolé une à deux fois, tout de même, ce qui est, notons le, déjà une belle réussite car pour me faire rire, il en faut; je tente d'écrire quelques vagues critiques sur le film, en vain. On me dit qu'il faut un deuxième visionnage pour l'apprécier à sa juste valeur, et je veux bien le croire mais je décide quand même de faire un premier jet sur ce que j'ai pu en penser. Tant pis si mon avis change considérablement en le regardant une nouvelle fois lorsque tous les applaudissements seront retombés.
La La Land est comme beaucoup de film et de comédies musicales, l'histoire d'une rencontre et d'un amour. Mia sert des cafés en rêvant de devenir actrice, Sebastian enchaîne les clubs de jazz en rêvant d'ouvrir le sien un jour. Tous deux artistes avec des rêves pleins la tête, c'est leur rencontre qui va leur permettre d'y croire plus fort et de les réaliser; mais en les accomplissant, ils se rendront vite compte qu'il est difficile de lier deux vies d'artiste. Jamais au même endroit, en même temps : quand lui part en tournée avec son groupe, elle doit quitter le pays pour être présente sur un tournage, difficile donc, de construire une histoire de cette manière, malgré l'amour...
Si l'histoire, est en soi, très intéressante et que j'ai adoré le thème, beaucoup de choses m'ont dérangé pour m'imprégner de l'atmosphère et rentrer dans l'ambiance du film à laquelle j'ai été totalement hermétique. Le clin d'oeil et l'hommage aux musicals de l'âge d'or du cinéma hollywoodien et au jazz réunissaient pourtant le décor parfait pour que je passe un bon moment, bien que je ne sois pas nécessairement sensible à ce style de musique. L'univers est mis en scène d'une manière très superficielle et assez cliché qui fait malheureusement perdre beaucoup de crédibilité aux propos des personnages. Les dialogues, un peu moins artificiels, redonnent un peu de ton et de véracité au film pour rechuter à nouveau lorsque des scènes de danse apparaissent et que tout fait alors très faux. Le cadre Hollywoodien n'arrange surement rien à ce point puisqu'en voyant l'envers du décor, on croit encore moins au réalisme des scènes. Le monde des artifices, des strass, des décors fictifs est bien présent dans le film et va parfois trop loin pour me tenir en haleine.
Si l'ensemble paraît ainsi c'est aussi dû aux jeux des acteurs qui n'est pas des plus réalistes. Après Birdman, La La land est le deuxième film à m'avoir réellement fait supporter et presque bien aimé Emma Stone malgré sa gestuelle totalement superficielle et agaçante à certains moments. Ryan Gosling, en revanche, joue aussi bien l'artiste déchu et déçu que le dur à cuire qu'il interprète dans d'autres films comme dans The Place Beyond the Pines. Amateur de jazz ici et un poil prétentieux, ses pointes d'ironie ou de sarcasme un peu cachées lui collent très bien à la peau malgré le ton qui sonne parfois très faux, encore une fois. Qu'on se le dise, il a la classe en toutes circonstances : quand il danse au milieu d'une route, quand il joue du piano dans un bar miteux ou quand il siffle en regardant la mer d'un pont. Je ne crois pas que leurs jeux vaillent autant de nominations vu les grandes prestations que l'on a eu dernièrement, mais bon soit... Ce qu'on ne peut pas leur enlever c'est leur divine association qui, quoi qu'il en soit, les rend très beaux et vraiment agréables à regarder.
Visuellement, en revanche, gros point positif pour Damien Chazelle qui m'a totalement embarqué avec lui, malgré quelques scènes 'too much'. Le plan séquence qui ouvre le film est juste grandiose et je défie quiconque d'y trouver quelque chose à redire, que l'on aime ou non le film. Entraînante, belle, et vraiment bien faite, cette scène sera de celles qu'on retiendra dans l'histoire du cinéma, c'est certain. La cadence des images est vraiment bonne et fluide durant tout le film. La caméra qui avance ou qui se balance au rythme des morceaux nous fait énormément voyager et on se prend parfois au jeu en commençant à rêver. La narration est vraiment travaillée à travers le choix des images du réalisateur et la succession des plans, ou grâce à la répétition des verres qui se remplissent et des vinyles qui tournent. J'ai eu quelques peurs en sentant la fin arriver et la dimension dans laquelle basculait le film mais l'intensité des regards et des sourires dans l'ultime scène ont su rattrapé cette peur et les quelques ratés précédents des acteurs.
Musicalement, le film nous emporte loin mais il est clair qu'il ne faut pas y aller si l'on n'aime pas le jazz parce qu'il est omniprésent et parfois assez lassant. Le ton donné par la musique change d'intensité mais rarement de style, hormis lors de la scène de concert, que j'ai vraiment apprécié, ou encore lors des multiples scènes avec City of Stars par exemple. Quelle chanson d'ailleurs...
La La land est, pour moi, un chef d'oeuvre de réalisation dans ses images et sa cohérence, auquel je n'ai simplement pas été sensible, bien que j'adore les comédies musicales, celle là m'a laissée stoïque. Le sujet reste touchant : l'amour entre deux artistes que les carrières séparent.
À voir ? Oui, parce qu'il est original et intéressant sur énormément de points et aussi parce qu'il faut se faire sa propre idée et ne pas écouter seulement les avis des presses enchantées. Puis, on ne peut pas enlever le glamour de leur rencontre et la technique mise en place par Chazelle.
J'espère que je l'aimerais mieux lors du deuxième visionnage.