Voilà un film à la fois simple et inconfortable, affichant un hyperréalisme absolument pertinent compte tenu du sujet traité. Il va sans dire que ce pénible débattement d'un chômeur aguerri dans le monde cruel du travail et du licenciement ne pouvait être traité d'aucune autre façon que celle choisie par Stéphane Brizé : une mise en scène sans gros effets tapageurs, filmée en longs plans-séquences le plus souvent, un jeu naturaliste et une photographie terne, presque grise, un style documentaire en somme.
De cette absence de couleurs et de lumières, de ses longues plages de dialogues alternant mollesses et platitudes Brizé extirpe un bel effort de regard cinématographique : celui d'un monde justement sous l'emprise du regard capitaliste. La caméra-loupe de Stéphane Brizé évoque visiblement l'ouvrage de Michel Foucault intitulé Surveiller et Punir ( que je me ferai une joie de lire un jour futur, sous les conseils de lecteur averti de FatherOblivion, que je remercie en ces lignes...), scrutant les faiblesses et les travers pas forcément condamnables des personnages. Vincent Lindon, sans atteindre les sommets de son talent, livre une prestation humble et tout à fait louable quant au sujet.
Le film échappe à l'écueil du divertissement régressif pour mieux nous confronter à cette terrible réalité. Jouant sur la reconnaissance, tombant même parfois dans le pathos, La loi du marché n'évite pas toujours certaines facilités mais demeure efficace sur sa relative courte durée. Sans jamais apporter de réponse concrète au problème posé ce drame social montre avec intelligence le vécu de bon nombre de chômeurs. C'est à voir