Michel Leclerc , metteur en scène du Nom des gens , que je n'avais pas beaucoup aimé, aborde ici, avec une tendresse énorme, une représentation de vie de quartier parisien populaire, sorte d'instantané abordant des sujets d'actualité comme l'état de l'école républicaine, l'abandon de certains quartiers, la mixité... Michel Leclerc défend clairement les écoles publiques et le vivre-ensemble dans les banlieues. L'histoire qu'il nous propose confronte les idéaux d’un couple de bobos au réel. Durant la première heure, il décape les clichés avec fantaisie. Édouard Baer, formidable en anar ébouriffé et lunaire, irresponsable et tyrannique par ses certitudes, ainsi que Leïla Bekhti, terrible en mère inquiète et revendicative , sont très drôles. J'ai eu quelques difficultés à croire à ce couple original pendant cinq minutes. Comment imaginer cette jeune femme avocate en couple avec un vieux anar punk . Mais, très vite, la complicité entre les deux acteurs emporte le film .Michel Leclerc brode une comédie réjouissante, se moquant gentiment de la gauche bien pensante mais aussi des communautarismes . Il aborde un tas de sujets d'actualité et le film déroule alors une première heure à mourir de rire avec ce personnage d'Edouard Baer, toujours extra ou ce petit garçon qui dit vouloir devenir homosexuel parce que c'est tendance , cette grande fille qui s'adresse à sa belle-mère si méchamment qu'elle doit prendre ça pour des compliments, cet exercice d' intrusion avec ce stéréotype de professeur des écoles, ce directeur d'école complètement perdu ou cet extraordinaire entretien dans une école privée .On passe de l'école à la maison mais aussi par le jardin partagé. A force de se moquer à la fois de notre société, de notre époque et de nous, il se dégage du film quelque chose de sympathique qui cache une tendresse énorme. Cette double lutte des classes contenue dans le titre va pourtant, dans le dernier tiers du film, s'essouffler , en nous laissant retrouver , comme souvent en ce moment ,tous les artifices de ces résolutions pleines de bienveillance à la mode. Passons sur les stéréotypes de l'école qui font toujours rire et qui ne sont pas loin de la réalité de ces quartiers. "Ne vous inquiétez pas pour vos apprenants" dit à la fin du film cette jeune institutrice à son directeur blessé. C'est très drôle. Michel Leclerc nous propose un dernier tiers du film qui tombe malheureusement dans le discours moralisateur bien pensant avec ces vêtements que l'on noue ensemble afin de former une cordée de secours pour évacuer le pauvre directeur d'école pris dans les décombres d'un éboulement de sa propre école. L'image symbolique est très belle mais c'est déjà vu et tellement utopique. Plein de bonnes intentions, ce film ne peut s'empêcher cependant d'abonder en clichés. Derrière cette caricature, il y a pourtant une vraie loufoquerie et une certaine originalité dans la liberté de ton sur tous ces sujets qui aurait pu emmener le film finalement là où l'on ne l'attendait pas. La réalisation est aussi assez banale . Le film n'évite pas les stéréotypes et les préjugés dans sa représentation de l'école. Ce qui est un peu normal pour une comédie.La bande son est sympathique et éclectique puisqu'elle nous permet de passer de J'encule le pape à cette jolie chanson de Jeanne Cherhal. Avoir passer un bon moment avec un petit film français ,dans le paysage cinématographique actuel, c'est déjà très bien.

pasteque68
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le 7 avr. 2019

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pasteque68

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