Première adaptation cultissime de l'œuvre de H.G. Wells, La Machine à explorer le temps n'est pas forcément une brillante œuvre cinématographique mais demeure un bon petit spectacle science-fictionnel du début des années 60. Mis en scène par George Pal (Le Choc des Mondes, La Guerre des Mondes de Wells également), le long-métrage diffère légèrement de son matériau d'origine tout en proposant un véritable pamphlet sur la Guerre Froide, habitude des studios de l'époque qui mélangeront réalité et fiction avec un goût prononcé pour la discrétion...
Interprété par l'excellent Rod Taylor, scénarisé par David Duncan et doté d'un budget très confortable, l'adaptation a tout du film d'aventures teinté de science-fiction comme on l'aimait et comme on l'aime encore.
Il faut dire qu'en dépit de son côté indéniablement kitch, on ne peut que rester émerveillé devant les effets spéciaux originaux et imaginatifs de Gene Warren et Tim Baar (qui remportèrent un Oscar par ailleurs) et par cet univers à la fois exotique et désolé où notre pauvre héros va rencontrer le peuple pacifiste des Elois et celui, cannibale et monstrueux, des Morlocks. Ces derniers sont d'ailleurs l'un des clous du spectacle grâce à leur terrifiante apparence, nous gratifiant de mémorables apparitions. Bien entendu, le tout sonne terriblement désuet et on ne peut s'empêcher de pousser un léger rire face aux costumes desdits monstres.
Toutefois, dans l'ensemble, le long-métrage parvient à garder le ton sérieux de son époque. Le scénario malin, plus dans l’esprit du roman (soit une critique acerbe de notre société, bien que le thème diffère), évite le simple aspect de film d’action et nous entraîne dans une véritable aventures futuriste comme on en a rarement vu à l'époque. De plus, mené par un Rod Taylor à la fois désorienté et curieux, explorant sans cesse l’avenir avec une soif insatiable, le rythme va tambour battant et, hormis un final certes grand-guignolesque, le long-métrage demeure toujours aussi exaltant. Ainsi, malgré son âge de plus en plus avancé, La Machine à explorer le temps vieillit très lentement et conserve sûrement son charme d’antan.