De l'espionnage habile et rythmé à défaut d'être mémorable.

Avec les élections présidentielles qui approchent, ce thriller voguant dans les abîmes du renseignement et des services secrets français tombe à point nommé. De prime abord, le long-métrage est intriguant et complexe juste comme il faut. Puis, « La Mécanique de l’ombre » devient volontairement nébuleux et joue de tous les instruments en rapport avec la paranoïa et la peur inhérentes à ce type de milieux. Le scénario retors nous balade au gré des trahisons, volte-face et autres secrets d’états sans nous ennuyer une seconde grâce à un montage habile et resserré. Le long-métrage manque également d'ampleur et de moyens pour être vraiment mémorable.


Sans les égaler, on est dans la veine des grands films d’espionnage des années 80 qui pullulaient des deux côtés de l’Atlantique en pleine Guerre Froide. François Cluzet y est l’interprète idéal pour jouer ce quidam qui se retrouve malgré lui au cœur d’une machination politique qui ne dresse pas un très beau tableau des méthodes obscures utilisées par nos dirigeants pour parvenir à leurs fins. Face à lui, Denis Podalydès incarne le parfait contrepoids en homme de l’ombre manipulateur et immoral. On aurait d’ailleurs aimé que ce dernier protagoniste, à priori passionnant, soit davantage creusé plutôt que d’ajouter un personnage féminin purement inutile et à peine fonctionnel.


Le film ne réserve cependant guère de surprises au niveau de la narration et des tenants et aboutissants de l’histoire, on est en plein dans les magouilles des hautes sphères de l’état avec ce que cela entend comme passages obligés. Ensuite, si tout cela est réalisé avec soin, on regrette tout de même que tout le décorum soit si froid et peu esthétique dans le rendu de l’image. Des lieux de tournage choisis à l’ambiance générale tout est glacial et sans âme. Un climat anxiogène est certes le bienvenu dans ce type de récit mais là ça vire à l’ascétisme formel le plus excessif. Néanmoins ce type de thriller est assez rare pour qu’on ne se prive pas d’en profiter.

JorikVesperhaven
6

Créée

le 10 janv. 2017

Critique lue 343 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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