Con Comme La Nun

Après la poupée Annabelle c'est donc maintenant à la nonne et au démon Valak de sortir de l'univers de The Conjuring pour s'offrir leur propre spin-of de film. Le projet est confié au réalisateur quasi débutant Corin Hardy (Le Sanctuaire - Hellbent) avec le plutôt bien nommé Dauberman au scénario pour une origins story censée nous éclairer sur l'histoire du démon et de la fameuse religieuse.

Le film plonge donc un prêtre exorciste, un religieuse débutante et un canadien francophone prénommé Maurice dit Frenchie dans une abbaye perdue en Roumanie pour une enquête sur une nonne qui s'est suicidée par pendaison …

Avec La Nonne le cinéma d'horreur semble quasiment entrer dans une nouvelle dimension, une dimension dans laquelle il n'est même plus nécessaire d’articuler un début de commencement de scénario puisqu'un simple prétexte piquer à un autre film suffit à balancer sur l'écran un collage indigeste, incessant et bordélique de jump scares bruyants et rassis. La Nonne ne raconte strictement rien du tout et se contente de jouer à "Bouh fais moi peur!" pendant 90 minutes entre deux scènes de déambulations nocturnes dans des couloirs éclairées à la bougie. C'est assez hallucinant mais Corin Hardy et Gary Dauberman parviennent quand même à ne strictement rien tirer de bon d'un personnage horrifique foutrement charismatique qu'ils n'ont même pas inventé, d'un superbe décor gothique et des leçons d’œuvres respectables comme les deux Conjuring dont ils devraient pourtant être un digne héritier direct et non un rejeton dégénéré et dégueulasse.

Même la pourtant très bonne idée de faire jouer Taissa Farmiga pour assurer une forme de continuité avec Conjuring est au bout du compte totalement ratée tant la jeune comédienne se retrouve dans un rôle dans lequel elle n'a strictement rien à défendre ou montrer. L'actrice pourra toutefois se consoler en regardant le niveau d'écriture assez catastrophique des deux principaux rôle masculin qui frôle carrément l'indigence et le foutage de gueule. Surtout qu'avec seulement trois personnages principaux à l'écran on comprends qu'ils ne vont pas mourir dans d'atroces souffrances au bout de vingt minutes et que le film va au contraire nous les imposer pendant toute la durée. Forcément niveau intensité dramatique et horrifique on se retrouve alors dans d'interminables parties de cache cache dont le seul enjeu est de savoir d'ou va sortir l'élément qui va provoquer le sursaut. Devant, derrière, en bas, en haut, à droite , à gauche, de travers, de côté, par en dessous, par au dessus, en super combo à droite par dessous et par devant ?? Voilà la seule et unique mécanique du film et pendant 90 minutes et c'est particulièrement lassant déjà au bout de 15 minutes. Après je dois avouer que le film m'aura tout de même fait sursauter une fois quand la musique tonitruante accompagnant systématiquement un jump scare m'aura sortie d'un début de micro sieste bien mérité.

La Nonne aura beau tenter de recoller les morceaux maladroitement avec The Conjuring à travers deux scènes en tout début et toute fin de film, rien ne viendra sauver le naufrage. Pire encore ces deux petites scènes de quelques minutes viennent surtout nous rappeler toute la différence entre un réalisateur talentueux comme James Wan et un faiseur d'images sans imagination comme Corin Hardy. Surtout on se souviendra alors combien la force des deux Conjuring tient autant dans la qualité d'écriture, la force de ses personnages que dans sa capacité à créer la peur.

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