La Nuit des morts-vivants reste, plus de cinquante ans après sa sortie, un modèle d’efficacité qui sait rythmer ses plans sans aborder le montage comme une chaîne d’abattoir – les séquences d’épouvante sont lisibles, ce qui décuple leur potentiel traumatique –, qui place judicieusement sa caméra au plus près des personnages, si bien que nous vivons avec eux l’invasion, qui bénéficie en outre d’une photographie au noir et blanc superbe.


Avec un petit budget, George A. Romero prouve que la vision artistique transcende les moyens matériels et économiques ; car le cinéaste ne se contente pas de mettre en scène une attaque de zombies, non il compose un huis clos dans lequel s’invite l’Histoire des États-Unis, encore brûlante. Des mouvements de contestation afro-américains aux répressions sanglantes, des menaces d’une attaque nucléaire à cette paranoïa collective qu’engendrent les médias. En ce sens, le long métrage constitue une parabole politique incisive et réussie : la vraie menace n’est pas celle qui vient de l’extérieur et qui s’évanouit devant des flammes, la vraie menace est celle qui sévit à l’intérieur d’une même maison et qui oppose les hommes en raison d’une discrimination raciale. Dès lors, l’unité domestique devient un champ de force qui attire à lui tous les maux dont souffre la société : c’est un corps témoin des luttes intestines qui déchirent le pays, de la même manière que les cris de cette mère qu’on massacre résonnent encore et encore dans la cave.


Si La Nuit des morts-vivants marque un tournant dans la représentation de l’horreur au cinéma, il est également un grand film sur le repli communautaire à l’heure du confinement, appelant en creux à l’entraide et à l’harmonie entre les hommes, quelle que soit la couleur de leur peau.

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le 26 mars 2020

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