Sans disposer d’une connaissance préalable des intentions des réalisateurs, il apparaît à celui qui le découvre en salle que ce film est le résultat d’un croisement saugrenu entre un tour de force technique consistant à fabriquer le premier film animé entièrement peint à la main et une intrigue policière de série télévisée poussive. Qui a tué Vincent Van Gogh ? Etait-ce un assassinat maquillé en suicide ? Admettons que le choix de cette intrigue conventionnelle vise à entraîner l’attention du « grand public » sur ce qui serait au mieux demeuré une vidéo pour galerie branchée. Il n’en demeure pas moins que cette idée de peindre un film à la main pour présenter un pionnier de la peinture moderne est une provocation d’une audace inouïe à côté de laquelle les rodomontades de Salvador Dali décrivant ses tableaux comme des « photographies de rêve, peintes à la main » ne sont que facéties d’enfant de chœur. Seul le décryptage du discours d’accompagnement des auteurs du film pourrait faire sortir le jugement de l’incertitude : œuvre innocemment plan-plan ou géniale provocation ? La suite le dira peut-être.