Pendant plusieurs semaines, The Passion of Christ, le dernier film de Mel Gibson, fait la Une des médias du monde entier. Certains l'accusaient d'antisémitisme, d'autres crient au génie. Pendant ce temps, Mel comptait ses dollars. Cinquième plus grosse sortie de l'histoire du cinéma américain, The Passion a rapporté vingt-six millions de dollars pour son premier jour d'exploitation, pour un budget de trente-cinq. Quand on sait que le film est parlé majoritairement en araméen, sous-titré en anglais, on constate que le poids des ligues catholiques américaines est réel.
Le film débute au jardin des Oliviers et se termine dans le tombeau du Christ. En deux heures, Mel Gibson conte par l'image la dernière journée du Christ, de sa trahison par Judas en passant par son procès, son chemin de croix et finalement sa crucifixion. En lui-même, le film n'est qu'une illustration basique de la Passion. On lui reprochera sa violence. On rétorquera qu'à l'époque supposée où ces faits se seraient déroulés, approximativement 33 après Jésus Christ selon des calculs savants, l'humanité étaient encore un monde où la barbarie dominait sur l'humanisme.
Que le film soit violent n'est donc pas étonnant. A la limite, on aurait envie de dire réaliste, même si les capacités de résistance du Christ à la torture sont à son honneur – certes, il était aidé d'en haut mais quand même. Mel Gibson a sans doute voulu illustrer la souffrance du Christ de façon extrême, puisque plus il souffrait, plus il rachetait nos pêchés. A la vue du film, nous sommes tranquilles pour quelques années encore.
Jim Caviezel couvert de sang et de larmes, est méconnaissable en Christ, Monica Bellucci, à peine maquillée, n'est pas une Marie-Madeleine si désirable – oui, oui. Ce sont surtout les seconds rôles, pleins de haine et de crasse, qui impressionnent.
Quant à la polémique sur l'antisémitisme présupposé du film, il faut sans doute être exégète en matière de religion pour pouvoir se prononcer. Certes, les tribuns juifs de Jérusalem sont les plus cruels avec Jésus, mais la scène est décrite de la sorte dans les Ecritures, si sœur Marie-Thérèse ne m'a pas trompé pendant mes cours de catéchisme. Et Judas est étonnamment humain.
Mais le sujet abordé ne saurait laisser sans réaction, réaction de principe plus que réaction sensée. Jésus est mort sur la croix, trahi par Judas, "le plus fidèle des apôtres". Et Mel Gibson illustre à la lettre, pompeusement, sans grande ambition que celle de la mise en image. Certaines sont très belles, faisant penser au Tintoret ou au Titien, la plupart quelconques, faisant passer l'ascèse pour du mysticisme.
Et pourtant, non, cela ne marche pas, La Passion selon saint Matthieu, de Pasolini est une autre version des Ecritures. Réalisée par un athée, elle possède une puissance de suggestion, une intensité visuelle et narrative que Mel Gibson ne parvient pas à même approcher. Des deux passions, celle de Pasolini est sans aucun doute la plus belle.
cioran53
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le 8 févr. 2013

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