Avec le succès surprise de leur reboot La Planète Des Singes: Les Origines, les studios n'ont pas hésité à confier la suite de la franchise à des mains plus expertes, ainsi qu'à doubler le budget. Ainsi, Matt Reeves puise dans son savoir-faire d’œuvres apocalyptiques et surnaturelles pour offrir une excellente mise en scène, notamment au gré des scènes de guérilla ponctuées de quelques plans séquences qui font sensation de par leur montage. Malgré des plans d'exposition plus classiques, son style confiné à l'échelle humaine transmet l'instabilité de la situation volatile entre les deux espèces. Giacchino appuie convenablement cette tension musicalement, forte en percussions et amenant même le Requiem de Ligeti. Il se fait toutefois plus oubliable à côté de ça, même sur ses thèmes emphatiques qui semblent peu inspirés. La photo est brute et souligne le ton mature, mettant particulièrement en valeur l'habitat forestier des singes. S'il demeure des plans perfectibles, les effets spéciaux se révèlent absolument incroyables. Ce second film possède des scènes d'un réalisme sidérant en ce qui concerne le rendu visuel et le comportement des singes. Le travail sur les expressions faciales, surtout, est prodigieux dans son infinité de détails et d'émotions.

L'espèce simiesque adopte une attitude de plus en plus humaine. Dix ans ont passé, le virus a décimé la majorité de la population humaine, et s'est développé chez nos alter égos à fourrure. Rattrapant peu à peu le film de 1968, les singes évoluent en une micro-société conséquente ; la plupart ont une famille, une éthique morale, s'instruisent et sont capables de prononcer des mots. César reste le plus bavard et évolué à ce niveau. Un reproche à la VF sur ce point, d'ailleurs, qui décrédibilise un peu cette capacité vocale. Contrairement aux extraits VO, les répliques comportent trop de syllabes articulées (et de petits mots de liaison pas nécessaires), et ne sont pas assez gutturales pour correspondre à l'animal.

L'affrontement promis réside avant tout en une escalade de tension, et une pression de la part des mentalités extrémistes dans les deux camps. Toutefois, le film est d'emblée biaisé en la faveur des singes, sur lesquels on s'attarde de longs moments pour montrer leur "humanité", tandis que le développement humain est superficiel, et peu intéressant. Le ton est très sérieux et mature, exempt d'humour, et s'autorisant quelques minimes instants de légèreté, ainsi que du mélo forcé. L'intrigue n'est pas très innovante, mais propose quelques bonnes surprises, notamment de la part des figures réfractaires de chacun des camps, qui permettent de brosser davantage l'étendue de la confrontation. On apprécie surtout que le récit soit nuancé et ne suive pas un déroulement manichéen. Riche d'un traitement sensé, le long-métrage opte néanmoins pour un finale quelque peu redondant, synthétisant des péripéties passées et préférant miser sur de la simple action visuelle, pour ne revenir aux conséquences morales qu'après coup. Une fin aux enjeux dramatiques pour un troisième volet qui, après cet épisode de transition, devrait davantage tenir du remake ; de quoi brillamment conclure cette relance de franchise.
AntoineRA
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le 30 juil. 2014

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AntoineRA

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