La guerre continue à faire rage entre les hommes et les singes.César,le chef des primates,voudrait faire la paix mais le colonel McCullough,un factieux excité,poursuit l'extermination à la tête de ses commandos.Après qu'il ait tué la femme et le fils de César,celui-ci décide de se venger et part sur les traces des militaires.Troisième et dernier volet d'une trilogie surcotée,ce "Suprématie" est réalisé et coécrit par le faiseur Matt Reeves,déjà aux commandes de "L'affrontement",le volet précédent.La franchise "La planète des singes" ne date pas d'hier puisque,pour ne parler que du cinéma,on a eu une rafale de cinq films entre 68 et 73,puis la version Tim Burton en 2001 avant d'aboutir à ces trois opus sortis de 2011 à 2017.Il y a là-dedans du bon et du moins bon,mais le seul qui soit vraiment convaincant reste le tout premier,celui de 68,avec son énorme twist final qui a scotché des générations de cinéphiles.Pour ce qui est de cette trilogie post-moderne,il faut lui reconnaître sa parfaite utilisation des effets spéciaux actuels,notamment la motion capture qui donne des résultats ahurissants tant les singes paraissent absolument réels.Sinon c'est bien filmé,à travers des décors superbes et immersifs trouvés au Canada.Mais au-delà de cette orgie visuelle,quelle purge!L'histoire se traîne littéralement au gré d'une narration extraordinairement lente et les scènes d'action sont très rares et platement shootées.L'essentiel de la narration consiste à suivre le périple atone d'une bande de singes,qui découvrent de temps à autre quelques personnages le long de leur route.Si on peut à juste titre reprocher au cinéma contemporain son hystérie généralisée,on est cette fois tombé dans l'excès inverse.Le scénario sans relief déroule mollement une classique histoire de vengeance et se complait dans le blabla solennel et le mélodrame à deux dollars,avec en fond d'écran un vague discours convenu écologiste et antiraciste,pour faire comme tout le monde.Les auteurs meublent en s'appuyant sur des références qui,outre les "Planète des singes" précédents,convoquent en chemin les zombies de Romero et de "28 jours plus tard" ou carrément "Apocalypse now".Il ressort de tout ça que les singes sont très gentils et les hommes très méchants,les singes très intelligents et les hommes très cons,et que nous allons disparaître à cause du mal qu'on fait à la Terre et que ce sera bien fait pour nous,na!On se demande si Greta n'aurait pas collaboré au script,des fois qu'elle passerait par là.Quant aux singes,on ne sait pas trop ce qu'ils sont censés incarner.Le monde animal au premier degré certes,mais probablement aussi en seconde lecture les minorités opprimées,y'a pas de raison de s'en priver non plus.Seul émerge de ce long pensum la figure du colonel McCullough et celle de César,le premier croyant fermement que deux espèces dominantes ne peuvent cohabiter en ce monde et que l'une finira fatalement par éradiquer l'autre alors autant que c'est nous qu'on les massacre.C'est la version pessimiste mais notre singe sympa pense au contraire qu'une vie harmonieuse peut advenir et qu'un équilibre peut être établi entre les races,version optimiste.Woody Harrelson,en grande forme,est fantastique dans le rôle de cet officier qui rappelle irrésistiblement le colonel Kurtz autrefois campé par Brando,alors qu'Andy Serkis prouve que s'il fait bien le Gollum,il fait aussi très bien le César,c'est vraiment lui le roi de la motion capture!