En choisissant comme sujet de son premier film le traumatisme australien de la guerre lointaine à Gallipoli, Russell Crowe n'a pas pris le parti de la facilité. Et c'est par le prisme d'un père à la recherche des corps de ses fils morts en turquie qu'il décide d'évoquer ce douloureux épisode de la Première Guerre Mondiale.


Crowe s'intéresse plus ici au voyage intérieur et à l'obsession de son personnage qu'aux représentations guerrières et grandioses du front. Celui-ci est abordé par une seule grande scène d'ouverture, puis par des flash backs, sensibles et douloureux, au milieu des tranchées, de la boue et du sang versé. Le difficile deuil et le fol espoir que le sourcier entretient malgré tout de retrouver peut être un de ses fils vivant font penser en plusieurs occasions au personnage de Mathilde et à sa conviction que son n'amour n'a pas succombé, issus directement d'Un Long Dimanche de Fiançailles. Cette chasse aux fantômes qu'il poursuit, le sixième sens chevillé au coeur, ainsi que son abnégation font que l'on s'attache au personnage incarné par un Russell Crowe ombrageux. Il mène sa quête dans un arrière plan de conflit nationaliste qui menace d'éclater aussi rapidement qu'une tempête de sable australienne se forme, scène fondatrice du film dans l'amour filial qu'il traduit.


Ce qui frappe d'abord et dès les premières images de l'oeuvre, c'est le travail magnifique opéré sur la photographie, où le bleu intense du ciel ou de l'océan contraste avec les tons ocres, pourpres et mordorés des grands espaces australiens ou des paysages turcs. Russell Crowe nous donne ainsi à voir de superbes images, dont certaines se gravent dans la mémoire du spectateur par leur pouvoir d'évocation, tel cette marche dans le charnier.


L'acteur-réalisateur a choisi de doubler cette quête d'une histoire d'amour qui, dans son discours féministe assez hors sujet au vu de l'époque, parasite quelque peu le film. Mais elle a l'avantage de voir évoluer la toujours très jolie Olga Kurylenko et son visage angélique. Cet aspect de La Promesse d'une Vie met en lumière les quelques défauts dont souffre le film, classiques pour une première oeuvre. Parfois naïf, parfois un brin simpliste ou maladroit, le film chancelle en certaines occasions mais arrive toujours à se rattraper, comme le jeune enfant qui apprend à marcher et qui cherche son équilibre pour avancer. Mais comme cet enfant sur lequel on jette un oeil bienveillant, on regarde le premier film de l'acteur australien de manière indulgente. Car ces menus défauts ne gâchent à aucun moment le plaisir ressenti devant une oeuvre que l'on sent sincère et très attachante dans les sentiments qu'elle parvient à véhiculer, laissant augurer le meilleur pour la suite de la carrière de Russell Crowe derrière la caméra.

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le 28 avr. 2015

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