La Science de l'Amour
6.3
La Science de l'Amour

Court-métrage de Timothée Hochet (2018)

Mouaich... un peu ridiculos quand même.


L'intrigue n'est pas terrible. Le concept est bien, mais l'histoire pour le porter est faible. Cette histoire de couple n'est pas très intéressante parce que l'auteur n'arrive pas à exploiter ses thèmes, comme la jalousie, la paranoïa etc. . Tout est montré de manière à ce que ces conflits soient internes et peu accessibles... du coup on ne les ressent pas et on s'ennuie. Pire, lors de la résolution, l'auteur ose nous sortir des trucs quo'n ignorait : la fille se sent comme une merde à cause des beaux-parents, de la carrière de romancier de son amoureux, ... La fin est un peu prévisible ; en soi ce n'est pas un drame, sinon il n'y aurait aucun intérêt à revoir un film, c'est juste que le déroulement est assez pauvre : les personnages sont faiblement caractérisés et exploités, les conflits sont faibles.


La matérialisation de cette idée est faible ; l'idée de bureaucratiser tout ça est évidemment bonne, mais ici c'est trop faible. Même lors de la première séquence, on n'y croit pas. Ce n'est pas assez nourri, pas assez poussé, ça manque d'idées fortes. Ne fut-ce que le questionnaire est bidon ; pas assez bidon pour que ça décrédibilise le programme (surtout qu'il semble fiable sinon l'auteur ne nous montrerait pas les résultats réels à la fin). Le personnage représentant cette firme est aussi faible : il a pas du tout l'air sûr de lui, ce qui décrédibilise totalement tout le concept ; il manque un personnage fort, ferme, manichéen, là on dirait une lopette qui va craquer à la fin de la semaine.


La structure est bof aussi : on commence par une scène de présentation un peu pauvre, puis on passe aux héros, l'auteur installe les personnages et leur caractérisation au travers de plans séquences assez longs et vides, et certainement pas assez poussées pour profiter de cette faible caractérisation (on comprend que le héros est amoureux, un peu jaloux, un peu possessif aussi, mais rien de très assumé... c'est juste assez pour mettre sur la piste de la fin... pareil pour le questionnaire qui semble plus là pour justifier le résultat final que pour réellement approfondir le concept).


La mise en scène n'est pas géniale ; on sent la volonté de faire quelque chose de stylisé mais à nouveau ce n'est pas assez poussé. Comme pour le concert, on sent un peu l'ambiance néon... mais au final c'est assez plat. Les ralentis ne fonctionnent pas vraiment, c'est mal intégré. On passe à de la caméra épaule pour marquer une crise, c'est un peu bateau et en plus ça ne colle pas avec le reste du film. En gros, on dirait que le réalisateur ne se prive de rien, qu'il ne s'impose pas une grammaire ; on a l'impression que, si le réalisateur en avait eu l'idée et l'envie, il se serait autorisé une scène en noir et blanc en plein milieu, juste comme ça (en témoigne la scène ralentie du générique, qu'est-ce que ça fout là? quel est le but de cette séquence à part au niveau de l'effet visuel ?).


Il y a des idées visuelles intéressantes, quelques compo bien trouvées, mais le tout apparaît trop tape-à-l’œil. Le découpage est correct, la caméra est souvent bien placée pour comprendre l'action. Le montage est mou : quelques plans auraient mérité de sauter ou d'être considérablement raccourcis. Il y a aussi un ton, un rythme qui ne fonctionne pas forcément avec le jeu des acteurs : à savoir ce côté stylisé avec des plans lents et ce jeu parfois plus naturaliste.


L'actrice principale s'en sort le mieux ; elle propose quelques petites choses sympas, pas un jeu révolutionnaire mais on sent du talent. Cyprien n'est pas super mauvais mais il a un jeu inégal ; par moment il la joue réaliste, par moment il la joue plus dramatique... il ne maîtrise pas encore son langage corporel et ne parvient pas toujours à trouver la justesse appropriée à la scène. C'est aussi le boulot du réalisateur que de parvenir à guider l'acteur, de lui donner un ton, de lui donner des consignes, de faire attention à ce qu'un mouvement ne soit pas de trop. Il arrive à le brider un peu, de tous les courts que j'ai pu voir avec Cyprien, c'est celui où il joue le mieux, mais il reste trop de maladresses malgré tout. La voix choisir pour les questions ne fonctionne pas, ça manque de neutralité, de dominance aussi ; passer à côté de la voix à ce point, c'est donner l'impression que Timothy Hochet n'a jamais regardé un seul jeu télévisé de sa vie ; que ce soit pour Loft Story, le Bigdil ou C'est pas sorcier, le choix de la voix est extrêmement important, car n'ayant pas de visuel pour ce personnage, le spectateur sera d'autant plus exigent sur chaque inflexion.


Les mouvements de caméra sont globalement réussis, quelques ratés de temps en temps mais ça ne gêne pas trop ; les mouvements ne sont pas toujours pertinents, on a l'impression qu'il veut plus en foutre plein la vue que raconter quelque chose (en témoigne cette première scène : le propose de la scène est faible, la manière de la raconter donne l'impression d'être dans un film de ... Michael Bay... alors que c'est pas vraiment le même ton pour le reste du film).


Le travail sonore est inégal : lors de cette première séquence (elle est tellement problématique cette première séquence que je ne comprends pas qu'elle n'ait pas sauté au montage), le volume des dialogues est trop bas par rapport à la musique, ce qui donne l'impression que ce ne sont pas des informations utiles. Pour le reste, le mixage est mieux géré ; par contre la musique est trop envahissante et souligne de manière beaucoup trop appuyée ce que l'on comprend par l'image, les sentiments ressentis par les personnages, etc. .


Bref, pas satisfaisant malgré une idée de base pas inintéressante (mais bon, j'avoue que quand j'ai lu le pitch associé au nom du réal, je me suis dit : "ha ben ouais...").

Fatpooper
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le 1 janv. 2019

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Fatpooper

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